Il s’agit d’un exercice international bien plus discret et méconnu que le NATO Tiger Meet qui se tient actuellement en Pologne. Et pour le coup il a lieu à l’autre bout de l’Union Européenne. Du 7 au 24 mai 2018 la base aérienne portugaise de Beja dans le sud du pays accueille l’exercice Hot Blade 2018 consistant à placer des équipages européens d’hélicoptères dans les conditions les plus réalistes possibles afin de réaliser divers scénarii d’interventions autour d’un même thème. Cet exercice est placé sous le commandement de l’Union Européenne et non de l’OTAN puisque c’est l’Agence Européenne de Défense qui l’organise.
Mais comme le Portugal est assez excentré en Europe il a fallu dans plusieurs cas acheminer les hélicoptères à bord d’avions-cargo. Du coup durant la première semaine de ce mois de mai 2018 la base de Beja a connu un véritable ballet aérien. Des Airbus Defense & Space A400M Atlas, Antonov An-124, et Boeing C-17A Globemaster III parfois mis à disposition par des pays non participants ou bien par l’OTAN elle-même y ont atterri… et redécollé.
Le thème retenu pour l’édition de cette année concerne l’intervention en milieu chaud, sec, et poussiéreux. Pour faire simple l’AED l’a organisé au Portugal car il était politiquement et diplomatiquement impossible de le faire en Afrique du nord. Mais clairement c’est bien l’environnement de l’opération Barkhane et de la MINUSMA que les Européens essayent ici de reproduire.
Et visiblement ils y arrivent plutôt bien.
Afin de rendre leurs scénarii encore plus crédibles les organisateurs se sont assurés la pleine coopération de la Força Aérea Portuguesa au travers de la mise à disposition en plus de la base, de huit avions permettant de s’insérer parfaitement dans Hot Blade 2018. Ainsi six General Dynamics F-16MLU Fighting Falcon et deux Casa C-295, dont un de reconnaissance maritime et de recherches-sauvetages en mer, participent activement aux exercices.
Mais la partie la plus importante concerne bien évidemment les hélicoptères. Durant ce Hot Blade 2018 les quelques spotters présents peuvent observer des machines assez particulières. Participent ainsi des Aérospatiale SA.316B Alouette portugais, des Agusta A-109 belges, des AgustaWestland AW.101 Merlin portugais, des Boeing-Vertol CH-47 Chinook néerlandais, des Eurocopter AS.532 Cougar néerlandais et slovènes, des Mil Mi-17 hongrois, et des NH Industries NH-90TTH Caïman allemands. On remarquera l’absence notoire d’hélicoptère de combat.
Durant donc ces presque trois semaines d’exercice les pilotes et mécanos d’hélicoptères s’exercent à intervenir aussi bien pour déposer des troupes conventionnelles, que pour infiltrer et exfiltrer des forces spéciales, tout en assurant des missions de reconnaissance, voire de recherches et de sauvetages au combat. C’est à dire ce qui prépare au mieux les Européens à intervenir sur les théâtres d’opérations afghans et/ou sahéliens.
C’est aussi l’occasion pour les équipages et les mécanos des six pays engagés de s’entraîner à travailler ensemble. Car au final cela permet d’atténuer, à défaut de gommer totalement, les différences doctrinales qui existent entre les militaires de pays aussi divers que la Hongrie et le Portugal ou encore les Pays-Bas et la Slovénie. Ce qui pourrait permettre dans un avenir plus ou moins proche d’envisager des déploiements communs.
Plus anecdotique Hot Blade 2018 permet également aux pompiers de la Força Aérea Portuguesa de s’exercer sur des modèles d’hélicoptères qui n’existent pas forcément dans leur pays. Plutôt enrichissant quand on sait qu’ils sont facilement déployés dans le monde entier lors d’exercices ou de missions opérationnels afin d’assurer la sécurité incendie et le secours à personnes.
Cependant tout n’est pas parfaitement réussi dans Hot Blade 2018.
Deux absents sont largement visibles : la France et le Royaume Uni. Malgré le Brexit ce dernier reste membre de l’Europe de défense et donc sa non-participation à l’exercice n’est pas à chercher de ce côté ci. Mais plutôt pour les mêmes raisons qui expliquent qu’aucun hélicoptère français ne soit également déployé à Beja : ces deux pays sont actuellement lourdement engagés dans diverses opérations de guerre et/ou de maintien de la paix un peu partout sur le globe. Du coup leurs états-majors respectifs n’ont pas pu organiser leur participation.
Photos © Força Aérea Portuguesa.
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5 Responses
Merci pour l’article. J’ai chargé la photo de l’Alouette III pour en faire mon fond d’écran de desk.
Profitez-en car des Alouette III dans ce cas de figure on en croise plus tant que ça !
Bon article, j’aime beaucoup la gueule du Merlin. On dirait un super NH-90.
Et pourtant le Merlin remonte à un projet plus ancien que le NH90.
je pensais que tous les sa316 alouette avaient été désactivés y compris la patrouille acrobatique « os caracois », et que le gouvernement devait commander une dizaine de machines , soit des aw119 koala soit des h125 écureuil !