Et si la Turquie ne recevait jamais ses F-35 Lightning II ?

C’est un véritable pavé dans la mare qu’a lancé le représentant démocrate américain David Cicilline ce vendredi 18 mai 2018. L’élu du Rhode Island propose en effet que les États-Unis placent la Turquie sous embargo concernant la fourniture des quatorze Lockheed-Martin F-35A Lightning II commandé ainsi que sur l’option pour la centaine d’exemplaire envisagée. Une décision qui se justifie selon lui par les liens de plus en plus resserrés entre Ankara et Moscou mais également les entorses répétées aux fondamentaux des droits de l’homme.

La proposition de Cicilline est proprement une grande première pour une nation membre de l’OTAN. Risquer d’être ainsi placée au ban de l’organisation par le gouvernement américain et ainsi se voir refuser l’accès à l’un des programmes atlantistes majeurs n’a jamais eut lieu jusque là. Or on pourrait se dire que l’élu étant démocrate cela a peu de chances d’aboutir avec un président républicain comme Donald Trump. Et on aurait tort. Car le représentant (NDLR : l’équivalent américain d’un député) a en quelques sortes dit tout haut ce que beaucoup de parlementaires américains pensaient tout bas depuis des semaines. Il est soutenu par bon nombres de ses collègues, sans distinction de camp.

Mais au fait les Turcs ont-ils vraiment besoins de ces Lockheed-Martin F-35A Lightning II ?
Oui sans aucune hésitation, c’est d’ailleurs pour cela que l’industriel Turkish Aerospace Industries a très rapidement rejoint le programme Joint Strike Fighter. Ces avions devraient à partir de 2019 commencer à remplacer les vénérables biréacteurs McDonnell Douglas F-4E Phantom II datant de la guerre froide.

En fait c’est l’assemblage local qui pose de véritables problèmes aux responsables politiques américains qui craignent des fuites vers la Russie. Ce dernier pays pourrait parfaitement bénéficier selon lui de «fuites» relatives aux technologies de furtivités mais également de motorisations et d’armements.

Il faut savoir qu’aux États-Unis David Cicilline est un des plus fervents partisans du durcissement des sanctions de la part de Washington mais aussi de l’OTAN contre la Turquie d’Erdogan. Selon lui ce pays est trop autoritaire sur les questions de liberté de la presse et extrêmement dangereux vis à vis des atteintes à l’encontre de certaines minorités comme les populations homosexuelles. Par sa prise de décision il rappelle à quel point le programme du F-35 Lightning II est avant tout un outil diplomatique et politique pour l’Amérique, plus encore qu’une arme !

Pour le moment la Maison Blanche n’a fait aucun commentaire quant à la requête de David Cicilline, même pas via Twitter, ce qui en soit est déjà un signe.
C’est donc une affaire à suivre de très près.

Photo © Lockheed-Martin


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Arnaud
Passionné d'aviation tant civile que militaire depuis ma plus tendre enfance, j'essaye sans arrêt de me confronter à de nouveaux défis afin d'accroitre mes connaissances dans ce domaine. Grand amateur de coups de gueules, de bonnes bouffes, et de soirées entre amis.
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Commentaires

11 Responses

  1. On est au début du processus de sortie de l’OTAN de la Turquie. Heureusement qu’ils ne sont pas rentré dans l’Europe !!!
    Ouffffffff !
    Dans 3 ans ils achèteront du matériel Russe ( dont des S300 ou 400)
    Les tentions avec la Grèce ne risquent pas de diminuer , espérons que la Grèce arrive à moderniser sa flotte de Mirage 2000 ( ils vont en avoir grand besoin).

  2. A surveiller de près en effet. La position de la Turquie sur la scène internationale est incontestablement trouble, et à mesure que le pouvoir autoritaire du leader se renforce, ses alliés de naguère s’en trouvent de plus en plus embarrassés. Cela pourrait être une des premières conséquences d’une action restrictive contre Erdogan.

    Autant ses innombrables incidents territorio-aéronautiques (M2000 VS F16 parfois tragiques) avec le voisin Grec ont toujours été « pardonnés » à la Turquie par intérêt supérieur qu’est son rôle de pays-tampon de l’OTAN avec le Moyen-Orient, aujourd’hui ce passe-droit semble une pilule de plus en plus dure à avaler pour ses alliés historiques.
    Particulièrement, en effet, vu le rapprochement inattendu avec la Russie suite à l’incident du Fencer abattu qui les avait presque amenés à la confrontation armée, et la position dure du régime avec l’opération contre les Kurdes de Syrie (soutenus eux par la Coalition anti-EI… qui a été contrainte de dépêcher une petite force d’interposition US / Fr au sol pour faire tampon). Si l’on ajoute à cela la dérive autoritaire et liberticide du « président », les dents grincent de plus en plus et la pilule se transforme en couleuvres, dirait-on.

    Fait intéressant, en termes aéronautiques la Turquie a longtemps eu des velléités d’indépendance qui se concrétisent aujourd’hui : l’avion d’entrainement avancé Hürkus, le drone ANKA, et l’hélico d’appui T129 Atak.
    Par contre, niveau chasseur de première ligne et avion-cargo transport, ils sont encore très dépendants des USA et de l’Europe, d’où cette actualité éminemment intéressante, car priver Erdogan de ses F35 serait comme retirer sa sucette à un enfant capricieux.
    Mais l’on devine en filigrane la réponse que pourrait faire la Turquie à ces hypothétiques sanctions : « nous sortons de l’OTAN, dites adieu à vos capacités de projection aériennes chez nous, l’accès au Bosphore -et la mer Noire et donc les côtes de Crimée- vous sera restreint, on ouvrira nos frontières à tous les réfugiés dont vous ne voulez vraisemblablement pas… », j’en passe et des meilleures.
    A voir donc, car il en va d’intérêts stratégiques majeurs, avec cette poignée de chasseurs.

    1. Son indépendance aéronautique dépend tout de même en très grande partie du bon vouloir de pays de l’OTAN. L’hélicoptère de combat T129 Atak est en fait une version améliorée de l’Agusta A129 Mangusta développé avec l’accord d’AgustaWestland (aujourd’hui Leonardo) quant au Hürkus il semble bien avoir été développé avec l’aide d’ingénieurs américains « prêtés » avec l’assentiment du Pentagone. Après cette affaire américano-turque a en effet des impacts bien au-delà de la seule question aéronautique.

  3. Baliverne ! Il semble que la machine d’un certain lobby s’ est rapidement mise en ordre de bataille pour faire pression sur Ankara …Aux USA , les décisions sont avant tout au service d » un seul « allie » au Moyen Orient !

    1. Perso je ne vois pas trop de quel allié vous voulez parler mais bon visiblement vous vous le savez et c’est ça le plus important. Pourriez vous avoir l’amabilité d’éclairer un peu notre lanterne à ce sujet ? De l’Arabie Saoudite, d’Israël, de l’Irak, de la Jordanie ? Les alliés des États-Unis ne manquent finalement pas au Proche et Moyen-Orient.

  4. probablement que l’assemble en local va être remis en cause, mais n’oublions pas que le pays accueil 2 grosses base de l’OTAN.

  5. Ce serait plus simple si l’OTAN n’existait plus, ce qui aurait dû arriver depuis longtemps. Quant à la Turquie, voilà pour elle une chance de pouvoir s’équiper de chasseurs russes, probablement plus inintéressants.

  6. Et pourtant, difficile de faire sortir la Turquie de l’alliance. C’est un membre fondateur, la 2ème armée de l’OTAN et qui occupe une place géographiquement stratégique. Elle est encore aujourd’hui très bien équipé ( 4000 chars, 10 000 pièces d’artilleries…) car pendant la guerre froide elle a été sur-armée par l’OTAN. En cas de guerre avec l’union soviétique, c’était possible que ce soit la première zone attaquée.

  7. Cette inquiétude au sujet de la vente est légitime vue la proximité de la Turquie avec la Russie et la technologie pouvant être soit volé ou soit vendu à bon prix contre du matos russe ou même chinois qui sais. Personnellement j’en aurait fait de même et pour les mêmes raisons politique/industriel et militaire, mais surement pas parce que Erdogan veux massacrer du Kurde ou de par sa politique envers les homosexuels, à vrai dire on s’en fou un peu vue que l’on à pas de leçon de droit de l’homme à donnée au autre pays de par notre politique étrangère tout aussi douteuse (vente à l’Arabie Saoudite, cas kadhafi…) En soit sa politique envers les Kurdes est abjects mais arrêter de faire les donneur de leçon alors que l’on est pas mieux.
    Est ce qu’un tueur à gage vous parait crédible quand il vous dit que tuer c’est mal, alors que c’est son métier.

    Là où le bât blesse serait si tout ça viendrai d’une demande Israélienne envers cette vente (la ou azz voulais en venir). Mais ça m’étonnerai beaucoup vue l’influence des USA sur Israël. Ce refus viens d’un problème de technologie sensible risquant des fuites et non de la demande d’un état voyou qu’est Israël.

  8. Le problème c’est que la Turquie a été sélectionnée pour assurer la maintenance des F-35 utilisés en Europe. Et puis ce ne serait pas juste pour elle dans la mesure où la Turquie a participé à hauteur de 12 mds $ dans le programme F-35. C’est toujours remboursable me direz-vous mais cela augmentera encore le programme F-35. Là où principalement celà gêne le pentagone c’est la commande de S-400 russe qui peut poser des soucis d’interopérabilité au sein de l’Otan mais aussi qui pourrait permettre à la Russie d’obtenir des informations sur le F-35, dont les deux principaux qui sont la furtivité et la fusion des données. La Turquie se défend en assurant que les S-400 ne seront pas connectés aux radars et aux systèmes de l’Otan.

  9. Ce qui est particulièrement révélateur, c’est que la Russie alimente depuis des années une campagne de dénigrement d’une agressivité incroyable à l’encontre du F-35, relayé avec délectation par tous les idiots utiles de poutine..

    La vérité est que les russes sont incapables de fabriquer un vrai chasseur furtif et seraient ravis de pouvoir pirater un F-35 de première main par l’intermédiaire de la Turquie. La Russie reste un pays à la traine sur le plan technique et elle a toujours compté sur l’espionnage industriel pour combler leurs lacunes..

    Elle reste un pays extrêmement dangereux de part ses aventures de conquêtes depuis que Poutine est aux commandes. L’OTAN se trouve déjà en état de guerre tiède avec elle, seul Trump ne l’a pas encore réalisé. La dernière chose à faire c’est de fournir des munitions sous forme de F-35 à la Russie.

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