Tiens la marine russe est elle aussi touchée par le «syndrome Charles de Gaulle». On a appris que le seul et unique porte-avions russe, l’Amiral Kouznetsov, est actuellement retourné à son port-base où il doit subir une série de profondes remises à niveau pour un coût estimé entre 900 millions et un milliard d’euros. Un chantier de refonte titanesque qui ne devrait pas se terminer avant fin 2021.
Pour mémoire l’Amiral Kouznetsov est un bâtiment issu de la guerre froide, c’est donc actuellement un navire vieillissant. Commandé au début des années 1980 par la marine soviétique il n’est entré en service qu’en décembre 1990, c’est à dire au moment de l’effondrement du bloc communiste ! Il n’a finalement réalisé sa première croisière opérationnelle que quatre ans et demi plus tard après être resté à quai pendant tout ce temps, faute d’emploi réel.
À la différence des porte-avions américains ou même du Charles de Gaulle français c’est un navire de conception très ancienne : sa propulsion est thermique et non nucléaire. Son énorme panache de fumée noire est d’ailleurs bien connu et en fait un des porte-avions les plus aisément reconnaissable de loin. En outre il dispose (encore) d’un tremplin sur son pont d’envol. L’Amiral Kouznetsov est quasiment un bâtiment de guerre anachronique.
Pourtant ses aéronefs sont loin d’être mauvais.
Le porte-avions russe peut embarquer en patrouille une vingtaine de chasseurs multirôles Mikoyan MiG-29K et Sukhoi Su-33 et une vingtaine d’hélicoptères de combat naval Kamov Ka-27 ainsi qu’un ou deux Ka-32 de veille radar. Il y a largement pire.
Alors en effet on trouve parfois aussi à bord des Sukhoi Su-25UTG d’entraînement avancé à l’appontage, mais qui n’ont quasiment aucune capacité offensive.
En fait il est surtout très mal connu car c’est un porte-avions qui patrouille fort peu. Il passe plus de temps à caboter au large de la Crimée ou encore à aller promener sa coque dans les eaux syriennes qu’autre chose. Ses avions de combat ont notamment participé ces derniers mois à des frappes aériennes au profit du régime autocratique de Bachar El-Assad.
Ses détracteurs disent de lui que ce n’est pas un navire adapté aux longues croisières océaniques.
Alors que pourront bien faire les ingénieurs russes dans ce chantier de refonte ?
Certainement revoir en profondeur son système de défense anti-aérien jugé inadapté malgré la présence de matériels de qualités comme les missiles à moyenne-portée SA-15 Gauntlet ou encore les canons-mitrailleurs GSh-30K Kashtan (de conception proche du Phalanx américain) couplés à des missiles à courte-distance SA-19 Grison. Pris séparément ce sont d’excellents systèmes mais assez étrangement ils ne semblent pas être particulièrement efficaces à bord du porte-avions. La corrosion du aux embruns est parfois montrée du doigt.
Ensuite c’est au niveau du système de navigation et des aménagements intérieurs que les modifications devraient avoir lieu.
Peu de chances cependant que le confort ou au moins l’ergonomie soit de mise, c’est un navire russe !
En fait on peut aisément se demander si la Russie ne devrait pas lancer au plus vite un programme visant au remplacement de l’Amiral Kouznetsov par un porte-avions à propulsion nucléaire. Depuis l’abandon du pourtant très prometteur programme de l’Oulianovsk en 1992 l’industrie navale russe n’a plus jamais travaillé sur un navire de ce type.
En a t-elle encore le savoir-faire ?
Photo © OTAN.
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15 Responses
D’un point de vue purement stratégique, ont’ils vraiment besoins de porte avion nucléaire ?
Depuis 40 ans tout les grand conflit sont assez proche de leurs frontières, et ils n’ont aucuns intérêts géostratégiques contrairement aux Etats Uniens au delà d’un océan.
Le fait qu’il soit a propulsion thermique ne veut pas forcément dire qu’il est de conception ancienne. Les nouveaux porte-avion de classe Elizabeth sont aussi a propulsion thermique. Mais par contre c’est vrai que son panache de fumée est digne d’un navire de la dernière guerre. Et puis une propulsion nucléaire n’est pas forcément un avantage. Oui pour l’autonomie pure, quoi qu’il doit quand même naviguer avec un ravitailleur pour les vivres et le carburant aviation, mais au niveau économique c’est kiff kiff. Coût neuf du réacteur nucléaire, de la maintenance, rechargement du combustible nucléaire, équipage qualifié… ça pèse niveau argent. Sans oublier tout les inconvénients liés à la sécurité. Pour les porte-avion classe Elizabeth une étude a démontré que jusqu’à 200$ le baril de pétrole, au seul critère comptable, une propulsion thermique reste plus économique.
D’un point de vue comptable, c’est certainement vrai. Mais une propulsion classique oblige de ravitailler lors des déplacement pure du bâtiment. Alors qu’un navire à propulsion nucléaire proposes certains avantage en opérations non négligeable, comme le gain d’espace dans le navire a la place des soutes à carburant ou d’emporter plus de kérozen, ça réduit la fréquence des ravitaillements et leurs durée, donc la disponibilité du bâtiment en opération.
A noter que sa mission en Syrie ne fut pas une réussite, avec 3 avions perdus sur panne ou problème d’apontage je crois.
Il va être revu en profondeur pour tenir encore 20 ou 25 ans comme pour son homologue français, le Charles de Gaulle. Coût de la rénovation de ce dernier 1,3 milliard €. Après les porte-avion non jamais bien été dans la stratégie militaire russe et même soviétique. Eux c’était plutôt les sous-marins. Imaginez un peu, en 1983 la marine soviétique possédait dans les 80 sous-marins lanceurs d’engins et près de 300 sous-marins d’attaque de tout types. En cas de guerre avec l’ouest, leurs rôle était de faire blocus dans l’atlantique nord, empêchant tout renfort venant des États-Unis, pendant que les milliers de chars fondaient sur l’europe de l’ouest.
Les porte-avions occidentaux et russe n’ont pas du tout la même philosophie.
Dans une flotte occidentale, c’est l’aviation qui est privilégier, donc tous les navires ont pour rôle de protégé le porte-avion.
Dans la marine russe c’est la puissance de feu encrassement des missiles qui est privilégier. Il y a juste à voir que les vrai « flagship » de la marine russe sont les croiseurs nucléaires de classe kirov et non le kournetsov. D’ailleurs le kournetsov et plutôt considéré comme un croiseur ayant des capacités porte aéronef qu’un vrai porte avion. Il abrite sous sont pont d’envol 12 missile de croisière P700 ce qui est juste inenvisageable sur porte-avion occidental
En réalité l’emploi d’un tremplin est plus un choix qu’une contrainte imposé par une limite technologique. En effet les SU-33 et mig 29 russe ont pour rôle principale la défense avancée du groupe naval pendant que les croiseurs matraquent la flotte ou les bases adverse a coup de missile. Ils n’ont donc pas besoin de décollé avec un lourd chargement de bombe et de missile de croisière met uniquement avec des missiles air-air. Pour cela un simple tremplin fait aussi bien l’affaire qu’un système complexe de catapulte.
Entre l’occident et les Russes, c’est deux doctrines très différentes de l’usage des portes avions.
Dans les années 70 et 80, les portes avions soviétiques étaient des navires de protection de la flotte : protection ASM avec les hélico, et semblant (ou farce) de protection aérienne avec les Yak38;
Les navires avec un rôle offensif étaient les croiseurs lance missile, et les sous marin d’attaque nucléaire et diesel.
C’est pour cela que les groupes aéronaval soviétique étaient très inférieur quantitativement et qualitativement aux groupe occidentaux.
Et puis les portes avions soviétique sont à l’origine des croiseurs porte aéronef avec lance missile, et non des portes avions.
D’ailleur, un traité international interdisait le passage dans le détroit du Bosphore aux portes avions.
C’est pour cela que les navires soviétique étaient des croiseurs lance missile porte aéronef.
c’est exact les russes non pas vraiment besoin d’un porte avions par contre nous si et le CDG notre seul porte avions est inutilisable depuis 2016 et cela jusqu’en fin d’année 2018 ……
Sans parler de la perte de compétence des équipages marin et surtout aéro avec une si longue indisponibilité.
C’est pour cela que les pilotes s’entraînent à terre, avec la réplique de la piste oblique du pont d’envol du CDG dessiné au sol a landivisiau et qu’actuellement ils sont pour plusieurs mois avec l’US Navy pour s’entraîner sur un vrai porte-avion.
Merci beaucoup pour toutes les nouveautés ! 🙂
Encore dans la pure propagande étasunienne, c’est une fake news le porte-avions russe est en chantier pour devenir nucléaire et recevoir des Su-57.
@Fdesouche depuis quand le su57 est il navalisable ??? J’ai vu trois fois l’avion de très près à maks et la version K ne sera probablement pas prête avant 2025 pour en avoir parlé avec quelques ingénieurs présents au salon… Enfin les prochains portes avions russes devraient être avec catapultes ce qui bloque pour le moment la définition de la version…