À quelques heures du célèbre feu d’artifice au-dessus de la baie de Sydney qui marque annuellement la naissance du nouvel an en Australie, un drame aérien a quelque peu assombri les festivités. Un hydravion DHC-2 Beaver de l’entreprise Sydney Seaplanes a sombré dans les eaux de la rivière Hawkesbury, à une cinquantaine de kilomètres au nord de la métropole australienne. Les cinq passagers et le pilote de l’appareil n’ont pas survécu à l’accident, malgré les efforts héroïques de plaisanciers accourus sur les lieux. Ceux-ci ont bien tenté de plonger pour secourir ses six occupants, mais l’avion a coulé rapidement par 13 mètres de fond après avoir percuté l’eau. Les corps des victimes ont été récupérés quelques heures plus tard par les services de secours.
Cet accident fait particulièrement les manchettes en Grande-Bretagne puisque les passagers sont un couple britannique formé d’un homme d’affaires et d’une éditrice de magazine connus, accompagnés de leurs trois enfants. Ce drame touche également le Canada, car le pilote est originaire de la Colombie-Britannique où parents et amis sont plongés dans le deuil.
En plein été austral, la météo clémente ne serait pas en cause. Bien qu’âgé, l’avion immatriculé VH-NOO était jugé en parfait état de vol, son moteur récemment changé ne comptant d’ailleurs que 200 heures d’utilisation. Fort expérimenté, le pilote cumulait plus de 10 000 heures à son carnet de vol, dont 9 000 aux commandes d’appareils DHC-2 Beaver. L’équipe d’enquête actuellement à pied d’œuvre recueille témoignages et indices et s’affaire à remonter des eaux l’avion englouti afin de l’examiner minutieusment. Selon des témoins de l’accident, l’hydravion aurait fait un brusque virage à faible altitude avant de percuter l’eau. Aucun appel de détresse n’a précédé l’accident. Sydney Seaplanes, qui est le plus important opérateur d’hydravions en Australie, offre de nombreux vols touristiques grâce à une flotte d’hydravions DHC-2 Beaver et Cessna 208 Caravan. L’entreprise a momentanément suspendu ses vols en attendant les résultats préliminaires de l’enquête.
Sans présumer des résultats de cette enquête, et loin de moi l’idée de blâmer le pilote, certains journalistes font déjà le parallèle avec l’écrasement d’un autre DHC-2 Beaver au Canada en 2015 dans des circonstances similaires. Rappelons que l’accident d’Air Saguenay qui avait fait six morts au Québec était également un vol touristique emportant les membres d’une famille britannique ainsi qu’une touriste française. Le rapport final du Bureau de la sécurité des transports (BST) du Canada, dévoilé en septembre 2017, conclut à une manœuvre téméraire du pilote pourtant lui aussi très expérimenté. Suite à un virage avec grande inclinaison et à faible altitude, l’avion avait décroché et percuté le sol. Le BST recommande que tous les avions DHC-2 Beaver exploités pour des activités commerciales soient équipés d’un système d’avertissement de décrochage. Il faut dire que les avions de brousse de la génération des DHC-2 Beaver sont rarement équipés de tels avertisseurs. Même avec ce type d’instrument, les vols d’observation à basse altitude demeurent toujours risqués. C’est pourquoi Air Saguenay interdit dorénavant à ses pilotes d’effectuer des virages avec une inclinaison de plus de 30 degrés.
Contrairement aux pilotes de ligne qui doivent se conformer à des procédures strictes de sécurité, les pilotes de brousse jouissent d’une grande latitude. Lors de vols touristiques, les pilotes sont d’ailleurs souvent incités à en mettre plein la vue aux clients exigeants. Aussi, le syndrome de banalisation du danger guette les pilotes chevronnés qui deviennent trop confiants en leurs moyens et ceux de leur appareil. Lors de quelques vols de brousse mémorables, j’ai pu moi-même constater ce phénomène. Malgré les fortes sensations que cela procure, il faut garder à l’esprit que les avions de brousse ne sont pas conçus pour la voltige aérienne !
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5 Responses
Entre cet accident et celui de Nature Air au Costa Rica c’est une bien triste loi des séries dans l’aviation civile pour ce 31 décembre 2017. Et à chaque fois autour de monomoteurs de transport léger qui sont pourtant connus pour leur fiabilité.
Ces deux récents accidents en Australie et au Costa Rica, ainsi que les récurrents retours sur le devant de l’actualité des grosses catastrophes aériennes comme la mystérieuse disparition du vol MH 370 remis en lumières ces jours ci par le lancement de nouvelles recherches de l’épave par une compagnie maritime privée, ne doivent pas nous faire oublier qu’avec 10 accidents aériens et 44 morts dans l’aviation civile, l’années 2017 a été la plus sure depuis 1946 selon les chiffres d’Aviation Safety Network. Et ce en dépit de l’augmentation régulière du nombre de passagers qui bat tous les ans de nouveaux records.
(Les vols privés ne sont pas pris en compte dans ce décompte, seules sont comptabilisés les vols commerciaux effectués pas des compagnies aériennes.)
En fait les chiffres d’ASN sont largement contestables car son étude ne repose que sur les accidents ayant touché des avions d’au moins 15 places. Or la majorité des accidents d’avions commerciaux concernent des machines plus petites comme les Cessna 208 ou les Antonov An 2. Je me suis toujours demandé si ce n’était pas la paresse intellectuelle qui motivait les gens d’ASN dans leurs pseudos études ou simplement la recherche du sensationnel. Il est forcément plus intéressant pour eux de parler d’un Airbus A320 ou d’un Boeing 767 que d’un petit avion.
Les 10 accident relevés par ASN, 3 concernent des Cessna 208 :12 avril en Indonésie, 1er mai Etat Unis et 31 décembre Costa Rica.
Ce décompte de 10 accidents ne reprends que les crash mortels, mais ASN répertorie tous les crashs avec ou sans victimes on peut donc difficilement évoquer la paresse intellectuelle.
ASN dépends de la Flight Safety Foundation, qui a pour objet d’accroitre la sécurité dans le monde aérien, leur but n’est donc pas de faire du sensationnalisme.
Il faut lire « Parmi les 10 accidents, 3 concernent des Cessna 208 »