Le Knighthawk s’est mué en bête de guerre !

Si vous pensez encore que l’hélicoptère standard de soutien opérationnel de l’US Navy n’est bon qu’à transporter des troupes et éventuellement assurer des missions de reconnaissance c’est que vous n’avez pas saisi le virage idéologique amorcé par l’aéronavale américaine depuis le début de la décennie. En quelques années le Sikorsky MH-60S Knighthawk s’est transformé en bien plus qu’un hélicoptère de transport, réussissant même à faire de l’ombre aux célèbres Bell AH-1Z Viper et UH-1Y Venom de l’US Marines Corps par sa puissance de feu et sa flexibilité d’emploi. Petit tour d’horizon d’un grand en devenir.

Si au début de sa carrière le remplaçant du Boeing-Vertol CH-46 n’était bon qu’à transporter des soldats, évacuer les blessés ou encore assurer les missions de Vertrep les temps ont bien changé pour lui. Désormais le Sikorsky MH-60S doit aussi assurer la sécurité rapprochée des navires de guerre américains et notamment des puissants porte-avions à bord desquels il est désormais systématiquement embarqué. Mais surtout il transporte des troupes, notamment de l’US Marines Corps, au plus près des théâtres d’opérations et même désormais en zone de combat comme cela a récemment été le cas en Irak. Et ça pour l’US Navy c’est révolutionnaire, puisque normalement ces missions reviennent aux voilures tournantes du corps et donc aux Bell UH-1Y et Sikorsky CH-53E. Or ces deux dernières machines sont des hélicoptères d’ancienne génération, malgré des remises à niveau fréquemment réalisées.

Un MH-60S tout juste bon au travail sous élingue, ça c’était avant !
Mais au fait pourquoi l’US Navy a t-elle commencé à prendre un tel virage ? On le doit à des officiers visionnaires autant qu’à la pression réalisée par les ingénieurs et responsables de Lockheed-Martin, maison-mère de Sikorsky, qui cherchent à dynamiser ce Knighthawk avec l’espoir de le vendre à l’export à des forces aéronavales qui pourraient avoir besoins d’un hélicoptère de soutien aux opérations spéciales et d’appui tactique. La Marine Nationale et la Royal Navy seraient-elles dans leur collimateur ?

Cette évolution de l’hélicoptère navale, directement dérivé du SH-60F Seahawk de combat maritime, ne s’est pas seulement limitée à un renforcement de ses protections balistiques  mais également à une profonde refonte de ses systèmes d’armes. Si comme tous bons hélicoptères d’assaut et de manœuvres le MH-60S Knighthawk conserve ses deux mitrailleuses gundoors, ces armes paraissent désormais bien légères malgré leur indéniable puissance de feu face au nouvel arsenal de l’hélicoptère.
Une puissante mitrailleuse lourde Gatling GAU-18A en nacelle est désormais apparu sous pylônes ESSS (pour External Stores Support System) ainsi que des paniers à roquettes et même des missiles antichars Hellfire.

Le Hellfire, désormais dans l’arsenal de cet hélicoptère naval.
Si dans un premier temps ces deux types de munitions n’étaient employées que pour la lutte contre les esquifs et les navires de petite taille c’est désormais terminé. Les engagements de ces hélicoptères de l’US Navy en appui des troupes irakiennes dans les batailles de reconquêtes de Falloujah et Mossoul ont démontré que leurs équipages étaient parfaitement aptes à combattre des ennemis au sol, tels les djihadistes de l’autoproclamé État Islamique. Pis les Sikorsky MH-60S semblent même y avoir fait de l’ombre aux Bell AH-1Z de l’US Marines Corps, pourtant bras armés de l’US Department of Navy dans ce genre de missions.

Lâché de commandos et armement lourd, le « nouveau visage du Knighthawk.
Alors bien entendu le Sikorsky S-70 et ses différentes versions sont des hélicoptères vieillissants, d’une génération issue de la guerre froide, mais il faut bien admettre que ce Knighthawk a quelque chose de plaisant. Sa robustesse et sa puissance de feu en font l’arme idéale pour une aéronavale américaine en quête de rusticité et non plus d’extrême modernité.
Le MH-60S comme plateforme de combat lourd pourrait s’inscrire dans la même logique que celle qui risque de conduire le Pentagone à engager au feu des avions d’appui comme l’Embraer A-29 Super Tucano ou le futur Beechcraft AT-6B Wolverine.

Photos © US Navy.


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Arnaud
Passionné d'aviation tant civile que militaire depuis ma plus tendre enfance, j'essaye sans arrêt de me confronter à de nouveaux défis afin d'accroitre mes connaissances dans ce domaine. Grand amateur de coups de gueules, de bonnes bouffes, et de soirées entre amis.
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Commentaires

Une réponse

  1. Intéressant, cette dualité entre les dérivés du Blackhawk opérés par la Navy.
    D’un côté les Seahawks « traditionnels » (SH60 / MH60-R) avec le radôme ventral et le train arrière à deux roues plus proche du centre de gravité (afin de faciliter le poser sur les ponts courts des navires d’escorte) dans le rôle de lutte anti-sous-marine et anti-surface, et les Knighthawks (MH60-S) dérivés de l’UH60 de l’Army, sans radôme, avec le train arrière à une roue sous le rotor de queue, dans le rôle de gunship / servitude. Et les HH-60 entre deux (cellule du SH60 mais sans radôme) !
    L’utilisation qui est faite du Knighthawk par les Marines est en effet assez étonnante vu l’affection inconditionnelle du Corps aux dérivés du Huey, mais il y là une certaine logique : d’une part le nombre de Venom n’est pas suffisant pour pallier le retrait des CH46, et il a fort à parier que la carrière du Venom ne dure pas aussi longtemps que celle du Knighthawk dans ce rôle.

    Petite erreur au passage, le Gatling tritube sous pylône est un GAU-19 de calibre .50 (12.7mm) et non -18, qui apporte bien plus de punch que les célèbres Minigun M134 hexatubes de 7.62mm et M2 de calibre .50 souvent montés de part et d’autre en sabord ;).
    Parenthèse au passage, Miniguns qui équipent certaines Gazelle de l’ALAT depuis peu avec un tireur en portière, je ne me souviens pas si vous aviez publié à ce sujet ou non.

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