Deux Dassault Rafale de l’Armée de l’Air engagent leur perche de ravitaillement respectives sur les ballonnets d’un Boeing C-135FR. Une image du quotidien pour l’ensemble de nos pilotes de chasse français, qu’ils soient en missions en métropole ou en opérations extérieures. Celles-ci sont à chaque fois le fait des avions du Groupe de Ravitaillement en Vol 2/91 Bretagne, une unité ayant hérité ses traditions des Forces Aériennes Françaises Libres.
En ces commémorations du 8 mai 1945, présentation d’une unité méconnue de l’Armée de l’Air qui a aussi marqué notre histoire contemporaine.
En fait les origines du Groupe Bretagne remontent aux avions de reconnaissance Potez 25 et aux bombardiers moyens Potez 540 qui participent à la bataille de Koufra, appuyant les forces du colonel Leclerc. Après la prise de cette position aux forces italiennes les aviateurs prêtent le serment de Koufra, considéré par beaucoup comme l’acte fondateur des Forces Françaises Libres et notamment de la 2ème Division Blindée, celle-là même qui libérera Paris et Strasbourg en 1944.
En fait il faut attendre le début de l’année 1942 pour que la France Libre crée le Groupe de Bombardement Bretagne destiné à soutenir l’action des alliés, et notamment des troupes françaises. Leurs premières montures vont alors être des bombardiers moyens rapides Martin 167F hérités de la Bataille de France. La Royal Air Force leur livrera aussi des Bristol Blenheim de seconde main. Avec ils participent aux opérations du Fezzan, actuellement le sud de la Libye, puis à la campagne de Tunisie.
Alors que le Groupe Bretagne est déployé par les Alliés en Italie au début de l’été 1943 ses aviateurs sont transformés sur des Martin B-26 Marauder plus modernes mais aussi bien plus difficiles à piloter. Avec ces bimoteurs ils vont massivement bombarder les positions fascistes et soutenir l’action des troupes américaines… et françaises libres.
Par la suite les équipages du Groupe Bretagne vont participer aux frappes préparant le débarquement de Provence à l’été 1944 avant de participer activement à la Libération de la France puis à la conquête de l’Allemagne nazie.
Après guerre les hommes du Bretagne seront transformés sur avions de transport militaires Lockheed L-18 Lodestar avant de recevoir des AAC Toucan, en fait des Junkers Ju 52/3 construit à Colombes en proche banlieue parisienne. Avec ces deux modèles il participe activement au retour des soldats français prisonniers des Allemands depuis 1940 mais aussi au rapatriement sanitaire des victimes de la Shoah, libérés des camps de concentration.
En juillet 1947 il devient le Groupe de Transport 1/63 mais conserve le patronyme de Bretagne. Il participe à plusieurs campagnes lors d’accrochages avec les populations civiles dans les territoires africains sous occupation française, assurant aussi bien des missions de soutien logistique que de reconnaissance. Certaines sources laissent sous-entendre que le 1/63 Bretagne aurait aussi réalisé des missions de bombardement à l’aide de ses Toucan contre des positions de résistance malgache lors de la guerre d’indépendance de 1947. Cependant il existe encore, soixante-dix ans plus tard une véritable chape de plomb sur la question.
Par la suite le Groupe de Transport 1/63 Bretagne participa activement à la guerre d’Algérie, sur Toucan puis sur Nord Noratlas. C’est peu après la fin de ce conflit colonial que le Bretagne sera désactivé. Temporairement.
En 1993 la 90ème Escadre de Ravitaillement en Vol est dissoute puis reformée sous la forme de 93ème Escadre de Ravitaillement en Vol. Elle retrouve le patronyme et les traditions du Groupe Bretagne. Après bien des atermoiements elle devient à l’été 2009 le Groupe de Ravitaillement en Vol 2/91 Bretagne.
En tant qu’unité de ravitaillement en vol le Bretagne n’a toujours volé que sur deux modèles d’avions le Boeing C-135FR et le Boeing KC-135R, en fait très très similaires, qu’il possède actuellement à respectivement onze et trois exemplaires. Avec ceux-ci, depuis 1993, il a participé activement aux opérations au Liban (1984), Golfe arabo-persique (1990-1991), ex-Yougoslavie (1993-1999), Afghanistan (2001-2012), ou plus près de nous guerre contre Daech et opérations dans la BSS.
Aujourd’hui ses quadriréacteurs sont à bout de souffle, usés jusqu’à la corde, après presque six décennies au service de la France. Et malgré cela ils continuent de ravitailler en vol nos avions, dont les Rafale et Mirage 2000N qui assurent l’alerte nucléaire au quotidien.
Ils seront remplacés à l’horizon 2018-2020 par les futurs Airbus Defense & Space Phenix. Une nouvelle page s’ouvrira alors pour le Bretagne.
Photos © Armée de l’Air & Service Historique de la Défense.
En savoir plus sur avionslegendaires.net
Subscribe to get the latest posts sent to your email.