C’est indubitablement un des meilleurs avions d’attaque et de pénétration au monde, au moins comparable au F-15E Strike Eagle américain. La démarche d’acquisition du Su-34 Fullback par la Russie a donc de quoi laisser dubitatif. Depuis son entrée en service opérationnel voilà maintenant onze ans, les commandes du biplace côte à côte de Sukhoi n’ont jamais été que parcimonieuses, créant un sentiment confus chez pas mal d’observateurs et de passionnés. L’état-major moscovite apprécie t-il réellement cet avion ?
Et ce n’est pas la dernière commande en date qui va réellement rassurer : seize avions seulement. Alors certes avec un prix catalogue dépassant sensiblement les 33 millions d’euros la pièce le Sukhoi Su-34 n’est assurément pas un des avions les moins onéreux vendu en Russie. Mais justement on parle ici de la Russie, un des principaux exportateurs mondiaux de gaz et d’hydrocarbures. Un pays avec une tradition aéronautique qui remonte à l’entre-deux-guerres durant l’ère soviétique. Et aussi un des pays disposant d’un des ratios entre PIB et budget de défense parmi les plus confortables pour les militaires puisque dépassant les 3.3%.
D’autant qu’en Syrie le Sukhoi Su-34 a largement démontré ses capacités opérationnelles. Ça a notamment été vérifié lors des frappes de précisions, occultées il est vrai par les carpet bombing réalisés depuis des avions plus rustiques comme les Su-24 Fencer et Su-25 Frogfoot. Dans la guerre contre les ennemis du régime syrien les Su-34 russes ont d’ailleurs été parmi les avions les plus modernes déployés par le pouvoir de Moscou.
Alors pourquoi un tel désamour de la part des généraux ? En fait la solution est peut-être à chercher ailleurs, et notamment dans une forme de conservatisme bien connu dans les pays anciennement placés sous le joug soviétique. En effet on a remarqué que dans plusieurs d’entre-eux les décideurs politiques et militaires préféraient bien souvent restaurer (non non le terme n’est pas trop fort) et entretenir des avions datant d’avant 1990 et qui avaient fait leur preuve au combat qu’investir dans des machines de nouvelle génération, souvent réputées plus chères et moins rustiques.
Car c’est vrai le Sukhoi Su-34 ressemble plus dans sa définition générale à un avion occidental qu’à une machine soviétique. Il faut dire que c’est un des rares avions de combat russe réellement post-guerre froide. Et ce même s’il fut conçu initialement durant celle ci. Toute sa phase d’essais et d’adaptation s’est déroulée après l’effondrement de l’empire soviétique. Ce qui a forcément eu comme effet d’impacter ses affectations.
À Moscou les décideurs savent forcément que le Su-34 Fullback est l’avenir de l’aviation de combat russe, lui ou un futur (hypothétique?) successeur de court ou moyen terme. De ce fait ces faibles commandes d’avions ne peuvent que susciter encore et encore des questionnements.
Mal aimé ? Trop cher ? Inadapté aux besoins ? Beaucoup aimeraient comprendre, j’en fais parti.
Photos © Wikimédia.
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8 Responses
Ou tout simplement pas les moyens. L’armée russe est en pleine modernisation depuis quelque années que ce soit niveau aérien, armée de terre ou marine de guerre. Et ce n’est pas le prix du gaz et du pétrole du moment qui vont financer tout ça.
je crois que l’aviation de chasse Russe de la 5émes générations sont au top!!!!!, avec en plus une armée de terre super entraîinnée; avec les nouveaux chars de la nouvelle génération!!!!!! ne jamais sous estimer la grande Russie!!!!!!!
Je pense tout siemplement qu’ils n’ont pas besoin de plus d’appareils de ce type. Ils continuent a commander pour faire tourner les usines, comme la France avec le Rafale, et c’est tout. Le problème c’est qu’il ne se vent pas assez a l’export… Trop cher ?
Après, il faudrait comparer la production du su-34 avec d’autres appareils moderne, on est quand même à plus d’un appareil par mois, et je ne pense pas qu’on puisse produire un avion de combat moderne avec une cadence très rapide non plus. Sinon, l’appareil est bien apprécié, d’autant qu’il s’agit en effet d’un programme important, les prototypes d’une version modernisée devant voir le jour en 2018, Donc je pense plus à une capacité de production jugée optimale/maximale.
Et bien, 16 appareils ça n’est déjà pas rien. Entre les SU35, les MiG35, les Yak130, le développement du T50, l’annonce du projet de bombardier PAK-DA et le maintien / modernisation de toute leur flotte actuelle dont certains appareils hors d’âge, les budgets de leur armée de l’air s’éparpillent tous azimuts. Alors certes leur budget de défense est énorme par rapport au nôtre, mais les chantiers en cours sont tout aussi titanesques… la Marine soit dit en passant en pompe une grosse partie avec 3 classes de nouveaux sous-marins en production (Yasen / Boreï / Lada), et l’armée de terre n’est pas en reste avec ses hélicos et le programme de blindés Armata.
Bref dans ce contexte je trouve le Fullback somme toute bien loti pour un appareil neuf (plus d’un appareil produit par mois tout de même, avec moult pièces communes aux autres Flankers). Les Russes font le choix de continuer à produire de tout, en petite quantité, dans tous les domaines, pour une modernisation progressive de leurs forces armées.
Certes notre logique occidentale voudrait que les appareils les plus anciens soient directement mis au rancart et fassent place à de nouveaux appareils plus récents, plus perfectionnés et moins nombreux pour optimiser les coûts et l’efficacité opérationnelle, mais chez les Russes la quantité et la rusticité ont souvent primé par le passé pour compenser une technologie souvent en-deça des appareils occidentaux, et ils ont du mal à se débarrasser de leurs rebus, cela va sans dire.
Cet argument n’est toutefois plus vrai aujourd’hui quand on observe leurs productions aéronautiques les plus pointues à ce jour (SU35 / SU34 / MiG35 / KA52) qui égalent bien des appareils de l’Ouest et leur dotation au compte-gouttes qui résulte d’un coût supérieur, lui-même découlant de cette avancée technologique… et il faut le dire aussi, d’une forte chute de leur capacité de production depuis la fin de l’URSS qu’ils sont en train de refourbir.
Moi j’y vois une gestion raisonnée de l’outil de guerre.
On continue à concevoir et produire des engins performants au compte-goutte histoire de ne pas perdre la main et les compétence et de conserver les outils de production et les process.
En cas de conflit, il y a juste besoin d’accélérer la cadence en fonction des besoins.
Ça me fait l’effet d’un géant endormi qui ne dors que d’une oreille…
Il vaut mieux ça que la course à l’armement, c’est plutôt positif je pense…
Tout simplement parce que l’économie russe est au bord du trou? Les russes, via le fameux Sputnik et leur balades littorales à l’ouest font un max de com, mais personne n’est dupe. D’ailleurs où en est le PAK-FA ( premier vol en 2010… et plus de news ! )
Le T-50 en est à 6 prototypes moins un endommagé. Ces 5 appareils sont censés suivre une campagne d’essais opérationnels depuis début janvier 2017 par des pilotes actifs (non pilotes d’essais) ; si ceux-ci sont concluante, la production de présérie pourrait alors débuter.
Reste que les tests d’armement n’ont pas été menés (ou tus…), la motorisation définitive reste encore à développer, ainsi que le radar AESA. Quand on sait que le planning initial prévoyait des dizaines d’appareils opérationnels pour 2015, on est loin du compte. Dommage pour eux, car les chinois leur ont magistralement damé le pion avec le J20, et bientôt le J31, ça pourrait s’en ressentir à l’export.
Bref c’est un chantier en cours qui a pris pas mal de retard, c’est bien pour ça que les Russes optent pour les SU35 MiG35 et SU34, appareils éprouvés mais modernes. Comme je le disais dans mon commentaire précédent sur cette même page, les budgets alloués à chaque type d’appareil sont restreints vu les nombreux programmes en cours, bref quitte à acheter des appareils neufs, mieux vaut de la génération 4+ disponible et fiable plutôt que de la 5° encore au banc d’essais ^^. C’est pragmatique.