C’est une série de manœuvres d’entraînements de grande ampleur qui se déroule actuellement au Japon, avec l’assistance technique et logistique de l’US Marines Corps. La Rikujō Jieitai a lancé des exercices visant à réagir en cas d’invasion d’un territoire japonais par une puissance ennemie, notamment au travers de son aviation terrestre. Celle que l’on appelle également la JGSDF, pour Japan Ground Self-Defense Force, a ainsi déployé la majorité de ses hélicoptères en appui des unités de blindés et de fantassins.
Pour beaucoup d’observateurs étrangers la Rikujō Jieitai n’est qu’une armée fantoche, n’ayant aucune expérience du combat depuis plus de soixante-dix ans et se limitant à des missions relevant de l’assistance aux populations civiles. C’est donc une série d’exercices qui vise aussi à communiquer à destination des puissances alliées du Japon : son armée est pleinement apte au combat.
Dans les plaines nippones donc les hélicoptères de combat McDonnell Douglas AH-64D Apache appuient les troupes, éclairés par des Kawasaki OH-6J Loach. Pendant ce temps là des appareils de transport Boeing-Vertol CH-47J Chinook et des Sikorsky UH-60J Blackhawk déposent troupes et commandos au plus près de la zone de combat. Les missions d’évacuations sanitaires sont, quant à elles, a la charge des vénérables Bell UH-1H Iroquois. Une bonne partie de la flotte aérienne de cette JGSDF méconnue est ici présentée.
Mais cette série d’exercice n’a pas pour seul but d’impressionner les États-Unis et les autres nations amies du Japon. Elle doit avant tout amener les différentes composantes de l’armée nippone à travailler main dans la main. Et là ce n’est pas gagné. En effet la Rikujō Jieitai demeure une armée extrêmement clivée entre ses différentes composantes, où chaque arme n’a pas la même portée symbolique. Dans un pays où le poids des traditions est toujours aussi fort l’aviation légère est souvent (encore) considéré comme le parent pauvre, au détriment de l’artillerie et des blindés.
D’ailleurs un fait remarquable est à signaler : aucun hélicoptère Kawasaki OH-1 Ninja n’a été engagé dans cette opération. Pourtant cet hélicoptère de reconnaissance armée et d’appui aérien rapproché est un des appareils les plus modernes de sa catégorie, et aussi un des plus récemment conçus dans le monde.
Mais surtout cet exercice vise une puissance régionale, pour ne pas dire planétaire : la Chine. En effet ce pays s’est depuis plusieurs mois maintenant lancée dans un important chantier d’augmentation de son territoire maritime et insulaire, annexant des bouts de terre émergés souvent au grand dam de la communauté internationale. Or Pékin n’a jamais caché son ambition de «récupérer» certains îlots qu’elle pense avoir été déposséder par Tokyo. D’où la nécessité pour les Japonais de se préparer à repousser un éventuel assaut par la mer.
Les limites d’un tel exercice sont à chercher entre autre dans l’organisation de la défense japonaise qui ne connait pratiquement pas les concepts d’interopérabilité. Ainsi ni la marine ni l’aviation n’ont été associés à cette série de manœuvres. De ce fait les hélicoptères japonais sont intervenus dans un ciel qu’ils ne maîtrisaient en réalité que de manière purement théorique. Les fantassins ne pouvaient quant à eux pas espérer un appui aérien lourd, en l’absence de chasseurs multirôles.
Malgré cela ce type d’exercice est appelé à se multiplier dans les semaines et mois à venir, tant que la Chine persistera dans son expansionnisme.
Photos © ministère japonais de la défense.
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