Voilà un des personnages les ambigus de l’histoire aéronautique française récente. Ce vendredi 14 octobre 2016 Albert Maltret est mort à l’âge de 80 ans, lui qui avait défrayé le chronique lors de survols interdits de Paris à très basse altitude. Le surnom de Baron Noir que lui avait donné la presse généraliste le fit passer à la postérité. Près de trente ans après ces vols ceux-ci passent désormais pour hautement dangereux et finalement assez irresponsables.
Car il est difficile de trouver une justification réelle à ces vols, réalisés en majorité aux commandes d’un monoplan de tourisme Morane-Saulnier MS.880 Rallye. Toujours est-il qu’à l’été 1988 Albert Maltret met en échec les services officiels de l’état. Ses survols se font généralement très bas, entre 150 et 500 mètres d’altitude au-dessus de Paris et aux alentours de 2000 mètres au-dessus de sa banlieue ouest. Et presque toujours de nuit et au petit matin.
Les journaux français le surnomment vite le Baron Noir en référence au Baron Rouge, l’as des as de la Première Guerre mondiale. Mais jamais son traitement informatif n’est très sérieux. Au mieux les journalistes le considèrent comme un farfelu et au pis comme un fou suicidaire.
Au ministère de l’Intérieur il en est tout autrement.
Le ministre de l’époque, Pierre Joxe, met même en place une vaste opération de surveillance. Plus de 300 policiers, dont de nombreux tireurs de précision sont placés jours et nuits sur les toits de Paris. Une batterie radar mobile est déployée dans le sud de la capitale par l’Armée de l’Air. Et la majorité des policiers ont le nez au vent au moindre bruit suspect. À l’été 1988 tout le monde voit partout, dans Paris et sa banlieue, l’avion fantôme.
Et puis finalement les enquêteurs vont mettre la main sur Albert Maltret. La justice sera finalement assez clémente avec lui, il échappe à la prison. Condamné à une amende de 50 000 francs (soit environ 7500 euros de nos jours) il se voit également suspendu de vol durant plusieurs mois.
Mais Maltret devient assez vite très médiatisé. Grande gueule, hâbleur, mais aussi très violent dans ses propos il se prétend ancien pilote de l’aéronavale durant la guerre d’Algérie sans jamais en apporter la preuve. On sait juste qu’il est farouchement opposé au Président de la République François Mitterrand, fraîchement réélu à la tête du pays, qu’il accuse de tous les maux.
C’est donc forcément un bon client pour certains programmes télés vedettes de l’époque. Entre 1988 et 1990 il est invité régulièrement dans les talk-show provocs que sont Ciel, mon mardi ! ou encore Libre et change.
Et puis forcément il retombe dans l’oubli et termine sa vie loin des frasques en Bretagne. Vingt-huit ans après il demeure cet aviateur qui défia les autorités françaises sans pourtant vraiment justifier ses actes. Du coup on est en droit de se demander s’il marquera l’histoire aéronautique, et si même il le mérite.
Photo © Ouest France
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