La proposition du premier ministre turc Binali Yildirim risque bien de faire des remous aussi bien dans les milieux de la défense autant qu’au sein des diplomaties russes et occidentales. Il a ouvertement proposé que l’aviation russe puisse avoir recours aux installations d’Incirlik AB, la principale emprise de l’OTAN en Turquie, dans le cadre des opérations de lutte contre les groupes terroristes en Irak et en Syrie. Le problème c’est que ni Moscou, ni Washington, et encore moins Bruxelles n’ont été consulté avant une telle proposition.
Si sur le papier l’idée du politicien turc n’est pas totalement stupide, Incirlik AB étant située à moins de cent kilomètres de la frontière syrienne, en réalité cela relève autant de la provocation gratuite que d’une totale méconnaissance des réalités stratégiques. Car dans l’esprit du dirigeant turc cela reviendrait à ouvrir l’espace aérien kurde aux avions russes. Sauf que Moscou refuse toujours catégoriquement de frapper cet allié objectif par ailleurs armé et formé par la coalition internationale.
À Moscou on insiste sur le fait qu’il s’agit là d’une initiative turco-turque et que le recours aux pistes et installations d’Incirlik AB n’a jamais été envisagé sauf pour un éventuel délestage au cas où un avion viendrait à être court en carburant ou endommagé durant une mission.
Incirlik AB accueille en fait une partie non négligeable des avions de la coalition, notamment les Tornado ECR allemands chargés des missions de reconnaissance et de guerre électronique ou encore les F-16C/D américains et néerlandais qui frappent régulièrement le territoire irakien. Mais surtout la base sert au soutien opérationnel grâce aux avions-cargos des différents pays engagés dans la coalition internationale. Des Sukhoi Su-24 ou Su-30 russes au milieu de ceux-ci risqueraient de faire quelque peu tâche.
Au final on peut réellement se demander quelle est la stratégie des autorités turques avec une annonce de ce genre ? D’autant que se mettre à dos l’OTAN serait dangereux pour le budget de la défense du pays. Quand aux relations entre Ankara et Moscou elles semblaient s’être réchauffées. Pas sûr cependant que les Russes apprécient cette sortie.
Photo © Wikimédia Commons.
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2 Responses
Les turcs retournent bien vite leurs vestes. Il y a un peu moins d’un an ils n’avaient pas hésités à abattre un appareil russe car celui avait un bout d’aile qui dépassait la frontière et aujourd’hui ils leur proposent carrément une base. Décidément je me demande quelle est la véritable stratégie d’Ankara pour le conflit syrien.
Ps: « Sauf que Moscou refuse toujours catégoriquement de frapper cet allié… » Ce n’est pas les kurdes que bombardait l’aviation russe dans les premières semaines de l’intervention russe en syrie ?
Sûrement que le régime d’Ankara soupçonne les occidentaux (OTAN) d’avoir u un rôle dans la tentative ( avortée) de coup d’État. Mais ce n’est pas un sujet sur l’aviation même s’il a u des répercussions …