Si aujourd’hui cette question peut sembler incongrue, je peux vous assurer que durant la bataille de France elle ne l’était pas du tout. Et ce au grand désespoir des proches de l’aviateur français Robert d’Harcourt. Durant le mois de mai 1940 plusieurs incidents eurent lieu de la part d’aviateurs alliés qui confondaient, en vol, le chasseur lourd allemand Messerschmitt Bf 110 et le chasseur de nuit français Potez 631. Certains de ces incidents eurent des répercussions très lourdes.
Durant la bataille de France les chasseurs bimoteurs allemands Messerschmitt Bf 110 représentaient généralement une cible de choix pour les pilotes de chasse britanniques et français. En effet même si le zerstörer était lourdement armé, son manœuvrabilité n’était pas celle des chasseurs monoplaces monomoteurs.
Aussi qu’elle ne fut certainement pas la joie ce 21 mai 1940 en fin d’après-midi, au-dessus de la campagne picarde, pour le sous-lieutenant Robert d’Harcourt que d’apercevoir un Bf 110 légèrement en dessous de son monoplace Dewoitine D.520. Il engagea immédiatement le combat contre l’avion de la Luftwaffe. Une première rafale de ses mitrailleuses de calibre 7.7mm vint se loger dans les ailes de l’avion allemand.
D’Harcourt reprit une position pour une seconde passe de tir, cette fois avec son puissant canon de 20mm.
Assez étrangement il n’y eut pas de riposte du mitrailleur de queue du Bf 110. Et pour cause, il s’agissait d’un équipage évoluant sur un Potez 631 de l’Armée de l’Air se rendant sur une patrouille de combat au-dessus de Reims. Alors que le sous-lieutenant d’Harcourt tentait de se positionner pour une troisième passe de tir le pilote du Potez ordonna à son mitrailleur d’abattre le Dewoitine, s’estimant alors en légitime défense.
Il suffit d’une seule rafale du bimoteur pour descendre le monomoteur français.
Le D.520 s’écrasa non loin de Senlis, tuant sur le coup son pilote qui n’avait pas eu le temps de sauter en parachute.
Le décès de Robert d’Harcourt fut un véritable électrochoc à l’état-major français. D’abord par le fait qu’il était le fils du général Jean d’Harcourt alors numéro 2 de l’Armée de l’Air mais aussi parce qu’il s’agissait de la première fois qu’une méprise entre Potez 631 et Messerschmitt Bf 110 causait la mort d’un aviateur français.
La réaction des généraux ne se fit pas attendre.
On décida immédiatement d’apposer de grandes bandes blanches très lumineuses de part et d’autres des cocardes de fuselage des Potez 631 de chasse de nuit. Ces marquages étaient censé être visibles même dans le noir. Les chefs d’escadrilles avaient l’ordre de faire « peindre » les avions entre le 24 et le 26 mai, sous peine que leurs unités soient interdites de vols de nuit.
Il est à noter qu’après l’effondrement de la France et l’armistice de juin 1940 ces marquages furent conservés, à la demande expresse des forces allemandes, sur les Potez 630 et 631 de l’Armée de l’Air d’Armistice, les aviateurs français des forces de Vichy.
Plus de soixante-quinze ans après la bataille de France il faut bien reconnaitre que différencier un Messerschmitt Bf 110 et un Potez 631 n’était pas forcément aussi aisé que ça. Alors à l’époque dans le feu de l’action, avec l’adrénaline et la peur qui devaient se mélanger pour ces jeunes pilotes, les méprises étaient compréhensibles.
Photos © Service historique de la défense.
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5 Responses
Article mis en référence sur celui concernant le Potez 630 du Wikipedia.
Très étonnant, mais merci au rédacteur du Wikipédia francophone de faire confiance à notre site et nos articles pour servir de référence historique.
Ce n’est rien. J’ai déjà mit quelques uns de vos articles en référence sur le wiki. La, ce qui m’a étonné, c’est le fait que pour un avion français, on se doit contenté d’une traduction de l’article anglais…
Arnaud, mon grand-père a été mitrailleur sur Potez 631. Son avion, le POTEZ N° 139 et des membres de son escadrille (le 1/16) on été attaqués le 15 mai 1940 par trois hurricanes canadiens (basés à Auberive, à cette époque). D’autres Potez 631 du 1/16 du même vol ont été attaqués ce jour-là. Initialement le vol du 1/16 avait attaqué un vol de 9 Do-17 escortés de Me 109-E et les canadiens sont intervenus durant la « mêlée » qui a suivie.l’avion de mon grand-père venait d’abattre un Do-17.. Les canadiens, non content de leur « méprise » ont ensuite mitraillés les avions français au sol, alors qu’ils étaient rentrés à leur base (heureusement sans dégâts irréparrables). Ceci a occasionné une « solide mise au point » ensuite, entre le commandant du groupe 1/16 (le Cdt Escudier) et celui des hurricanes canadiens. Mon gran-dpère a heureusement documenté cet incident dans son journal de sa campagne de 1940..
Merci pour ces informations. Robert d’Harcourt était le neveu de Jean d’Harcourt et non son fils. Ce fâcheux événement a été un tsunami familial.