Si c’est une bonne nouvelle pour les nombreux fans du Sea King soviétique, il n’est pas sûr que ça en soit pour autant une concernant l’état de l’industrie aéronautique russe. Le consortium Russian Helicopters a annoncé son intention de prochainement relancer la production du célèbre Mil Mi-14 aussi bien pour des missions militaires que parapubliques. Il faut se souvenir que la chaîne de fabrication de cet excellent hélicoptère s’était arrêté il y a près de trente ans en 1986.
Alors se pose indubitablement la question de savoir en quoi une cellule dont le premier vol remonte à 1969 peut encore s’avérer compétitive sur le marché ultra-fermé des hélicoptères navales. Le Mil Mi-14 va se heurter à des appareils de nouvelles générations nettement plus modernes et bien moins gourmands en carburants, tels l’Airbus Helicopters H225M ou encore le NH-Industries NH90 Caïman. Sans compter les hélicoptères actuellement en développement, comme le Surion sud-coréen.
Bien évidemment il est des missions parapubliques dans lesquelles par contre cet hélicoptères pourrait encore exceller : le sauvetage en mer, la lutte contre les feux de forêts, le soutien aux missions polaires, voire le contrôle des zones de pêches. Ce qu’il faisait déjà durant la guerre froide, quand l’Occident l’appelait encore Haze.
Il est évident que voir revoler ce gros hélicoptère amphibie à l’esthétique bien soviétique serait un pur plaisir pour tous les passionnés de voilures tournantes.
Il faut en fait se demander pourquoi les ingénieurs russes ne sont-ils pas capables de proposer un successeur à cet appareil, par exemple basé sur le très prometteur et pourtant trop tôt envoyé au rencard Mil Mi-38. Une interrogation qu’on peut également avoir concernant les machines conçues par Kamov, qui n’ont pas non plus de descendance.
Le retour du Mi-14 sur la scène industrielle pourrait donc soulever d’énormes questions sur les capacités de la Russie a encore exister dans quelques années sur le marché des hélicoptères face aux Américains, Européens, et bien sûr aux nations aéronautiques émergentes.
Photo © Wikimédia Commons
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11 Responses
Tout simplement parce que ce n’est pas le Marché qui décide en Russie… 😉 !
Vu que c’est (encore) l’Etat qui paye, pourquoi développer à coup de milliards (ou dizaines de milliards) de dollars quelque chose que vous avez déjà… ?
Les ingénieurs russes en sont évidemment capables (fallait-il relever…?), mais pourquoi attendre dix ans, voire plus ? Il n’y a qu’à voir toutes les difficultés qu’on les Indiens avec leurs Dhruvs (l’Equateur est repassé à des Super Puma…)
Gageons que dans cinq ans les ‘nouveaux’ Mi-14 seront en service.
C’est un peu comme se demander pourquoi les ingénieurs canadiens sont totalement incapables de trouver un successeur au Twin Otter (voir le Viking Air series 400)… ?
Respect Marcel, et tous nos amis Canadiens… 😉 !
Pour le Twin Otter Série 400, il s’ agit d’ une nouvelle version remotorisée qui a été remise en production à la demande du marché comme en témoigne son succès à l’export. Une machine bien conçue au départ, facile d’entretien et à coût raisonnable trouvera toujours preneur. Les touts nouveaux appareils sont souvent hors prix et trop sophistiqués pour certains marchés et besoins. L’ Atlas européen en est un exemple. Alors pourquoi pas remettre en production des aéronefs qui ont fait leurs preuves en y apportant certaines améliorations ? Il existe certes peu d’aéronefs qui ont fait leur premier vol dans les années 1950 et qui sont encore en production, mentionnons également l’avion de transport Hercules, c’est pourquoi on les qualifie de légendaires.
Merci beaucoup Marcel pour ces précisions.
Supposons que le Mi-14 sera aussi amélioré, au moins au niveau de l’avionique.
Ce qui est intéressant avec le C-130, c’est que sous une même apparence, il y a énormément de modifications ; à peu près autant qu’entre un Spitfire Mk.I et un Spiteful !
Nous partageons le même point de vue. Tout comme l’évolution du monde animal, les aéronefs qui ont une «bonne génétique» survivent et se perpétuent. Ceux qui sont mal adaptés à leur environnement disparaissent… J’imagine que le «nouveau» Mi-14 sera une version modernisée et non une copie conforme de l’original. Autres beaux exemples: les F-16 et F-18 américains qui, malgré leur âge, ont su évoluer et sont encore des avions de première ligne fort respectables et aux performances supérieures à bien des égards au F-35… tout en étant considérablement plus économiques… Il ne faut certes pas bouder l’innovation technologique, mais souvent les clients préfèrent une recette éprouvée et à la portée de leur bourse…
J’aime votre expression qui est plus précise que ‘bien né’ ou ‘mal né’.
A la nuance près que c’est l’environnement qui est parfois cruel (animaux en période de glaciation ou de catastrophe naturelle), les ingénieurs répondent à un cahier des charges, une mission, suivant « l’état de l’art » des sciences à l’époque, après ils ne peuvent maîtriser tous les domaines (économique, politique…) Le Concorde était parfaitement adapté à sa mission, mais avec un prix du kérosène qui fut multiplié par 20…
Pour illustrer vos propos, comment ne pas encore citer le Dc-3 ou le Mirage III (Argentine, Egypte, Pakistan…) qui volent encore tous les jours, plus de 50 (ou 80 !!) ans après leurs débuts 😉 !?
Bien cordialement.
Prochain projet d’Airbus Helicopter: Super Frélon 😉
Ah mais il est toujours produit le Super-Frelon !!
Mais plus par l’industrie française, par les Chinois… !
Ils nous avaient acheté 13 appareils, et pis ils l’ont copié et ‘oublié’ de s’arrêter (et de nous payer)… c’est-y pas bêta… 😉 ?
C’est vrai, je pensais aux hélicoptéristes européens et j’avais oublié la Chine, ou « » » »luer » » » » Z-8 continue a évoluer. Tout comme le Dauphin (Z-9) ou l’Ecureuil (Z-11). J’espère qu’un NH-90 ne tombe jamais dans leurs mains 🙁
En fait si le Z-9 est bien une version produite initialement sous licence chinoise du SA-365F/AS-565, le Z-11 lui est complètement une copie sans autorisation de l’AS-350.
A l’instar du Wildcat (le nouveau Lynx) et du CH53K (nouveau Super Stallion), deux hélicos flambants neufs mais dérivés de leurs glorieux aïeuls, nul doute que ce Mi-14 subira tout de même de quelques refontes et améliorations. Chez les avions aussi (Harrier2, F18E/F/G, SU30 et dérivés, C130… pour les plus connus), ce procédé ce sera avéré tout aussi viable.
Les bonnes formules n’ont pas forcément besoin d’être réinventées ou surpassées, parfois seulement revues et corrigées avec pragmatisme.
L’intérêt de cette machine est que sa version anti-sous-marine (Mi-14PLM : Version de base modernisée) peut déjà tirer 5 charges anti-sousmarines dont une, la SKAT, est nucléaire. Le besoin de cette version anti-sous-marins est sans doute pressante… Quant à la consommation de carburant, les Russes ne manquent pas de jus.