Cette fois-ci, ça y est. Ce vendredi 31 juillet 2015 l’état-major du corps des Marines américains a officiellement déclaré que l’avion de combat F-35B Lightning II était opérationnel. Il s’agit là de l’entrée en service actif d’un des avions les plus décriés de l’histoire aéronautique, mais aussi d’un des pires gouffres financiers américains depuis cinquante ans. Que les ingénieurs de l’avionneur ne crient pas victoire trop vite, il y a encore des missions que les Lockheed-Martin F-35B ne pourront pas remplir avant plusieurs mois, au plus tôt.
En fait les dix premiers avions acceptés au service actif sont des F-35B Block 2B. Si sur le papier ils sont aptes à presque toutes les missions opérationnelles prévues par le cahier des charges , dans la réalité il en est bien différent.
Par exemple ils ne pourront pas remplacer les Grumman EA-6B Prowler du corps des Marines, les derniers en service aux États-Unis, avant plusieurs années. En effet les essais d’emport et de tir du missile AGM-88 HARM ne sont nullement concluants, un gros souci pour un futur tueur de radars ennemis. Mais si c’était là le seul écueil tout irait pour le mieux dans le meilleur des mondes.
L’US Marine Corps a également décidé de ne pas engager ses F-35B Lightning dans des missions de combat aérien, même si en théorie lors des essais ils ont réussi tous les tirs AMRAAM. Les pilotes de F/A-18C et D Hornet continueront donc cette mission pour quelques mois (années ?) encore.
Mais alors que peuvent faire les Lockheed-Martin F-35B de l’escadrille VMFA-121 ? En fait pas grand chose en dehors du CAS (pour Close Air Support), c’est à dire les missions d’appui aérien rapproché et d’attaque au sol de précision, aujourd’hui remplis par les F/A-18C et D Hornet et par les AV-8B Harrier II. C’est déjà pas mal.
Bon ça fait tout de même un avion d’appui rapproché à un peu plus de 95 millions d’euros la pièce.
Ne tombons cependant pas dans un bashing trop facile envers cette machine. Certes ses dépassements budgétaires sont devenus légendaires, certes ses retards de développement ont presque fait oublier ceux du Rafale, et certes de nombreux pays qui l’ont acquis s’en mordent déjà les doigts. Mais est-ce une raison pour perpétuellement lui casser du sucre sur le dos ? Je dirais pas forcément. Laissons aux équipages de l’US Marines Corps le temps de démontrer les capacités réelles de cet avion, et nous aurons alors bien assez de temps pour dire tout le mal (ou tout le bien) qu’on pensera alors de lui.
Néanmoins pas sûr du tout qu’on le voit débarquer ces prochains mois dans le ciel irakien ou syrien. J’y crois pas des masses.
Photo © Lockheed-Martin
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15 Responses
Sans faire des critiques trop faciles ;les soucis pour LM et le f35 ne font que commencer maintenant que l oiseau est sorti du nid et va être confronté à la vraie vie.( fini les déclarations bien veillante du constructeur ,place à la réalité !)
Wait&see… (et good luck ! Ils vont en avoir besoin…)
95 m de $ l’unité, c’est pas moins cher que les Rafales vendus (presque) à l’Inde ?
Quant au « retard » du Rafale, c’est juste les dix années de gel des crédits de la part de l’Etat, non ?
Je trouve que cet avion a de la gueule, il fait vraiment avion du futur. Dommage qu’il soit si en dessous de se que l’on pouvait attendre…
Le problème c’est qu’un avion polyvalent ou omnirôle ne peut pas se permettre d’être moyennement capable d’accomplir toutes les missions assignés. Il doit les mener à bien avec la même perfection qu’un avion dédié. Malheureusement actuellement, le F-35 reste moyen en tout ce qu’il peut faire et il est loin d’être polyvalent.
Il y a vraiment eu des avancées ou c’est les Harrier II qui sont tout foutus?
Un peu des deux. Les Harrier II sont très éprouvés, ils sont de quasi tous les conflits depuis la première du Golfe, néanmoins c’est un appareil qui était jusqu’alors inégalé en terme de capacités opérationnelles, donc indispensable à l’USMC. Tellement indispensable que la doctrine de l’USMC en terme de Close Air Support a exigé pour son remplacement un appareil ADAV/C. L’ennui c’est que le remplaçant ayant tardé, les Marines ont prévu le coup et racheté une partie des Gr7/9 Britanniques quand ces derniers les ont mis à la retraite. L’AV8B est contraint de rester en service, pour faire simple. Cela dit, c’est un moindre mal car les British eux se retrouvent sans appareil embarqué dans l’attente de leurs premiers F35B.
En théorie, le F35 est censé comme dit dans l’article remplacer tous les types d’avions de combat de l’USMC : Prowler, F18 C/D, Harrier2. Dans les faits, on lui demande pour le moment de remplacer seulement le Harrier, dans un rôle où l’on voit mal un appareil ultramoderne effectuer le vol en radada, passes canon/ roquettes d’un VRAI appareil d’appui au sol, rustique et infiniment moins cher.
Le F35 apporte tout de même quelques vrais « plus » par rapport au Harrier : capacité supersonique, furtivité, intégration des données, réelle capacité air-air (du moins avec ses missiles, n’en remettons pas une couche sur ses capacités manœuvrières écornées face au F16, capacités au demeurant excellentes pour le Harrier bien que non supersonique, ça s’est vu aux Malouines et lors de nombreux exercices).
L’ennui, c’est que le Lightning2 est moins rustique on l’a dit, dépourvu de canon (le pod-canon du F35B sera intégré dans les années à venir car contrairement aux versions A et C il n’en possède pas un en interne), et que la maintenance est fastidieuse car les pièces détachées sont encore peu disponibles, d’où un faible taux de disponibilité du premier contingent opérationnel testé il y a encore peu sur le Wasp.
Plus de renseignements ici : http://www.air-cosmos.com/f35-manque-de-fiabilite-lors-de-l-evaluation-sur-l-uss-wasp-41225
Comme le disait Arthur25, l’oiseau quitte le nid, il sera bien vite soumis aux contraintes du terrain.
J’oserai dire que le binôme Super Hornet et Growler serai plus effectif, avec une cellule aux capacités d’ évolutions plus grande (voir Silent Hornet) et le tout à moindre prix que cette escroquerie inutile qui est le Ligthning. Puis le Harrier était bon marché, très maniable, robuste et suffisamment petit pour atterrir n’importe où, le F-35 est hypercher, maladroit, et très gros et encore très vulnérable. Son avantage, la furtivité passive est en train de devenir obsolète grâce aux nouveaux capteurs (Désolé, je supportait pas la tentation >:-) )
Les retards du Rafale sont toujours dus aux question budgétaires car Dassault a excellé depuis sa conception, ceux du F-35 sont du à la mauvaise conception et la gestion du programme (désolé encore, j’aime pas vraiment cet avion 🙂 )
Bien, bien, mais le site US Defensetech a révélé que la Marine Australienne a décidé de renoncer au F-35B car les deux navires d’assaut qu’elle possède devraient subir trop de modifications (notamment rendre le pont résistant à la chaleur intense dégagée), ainsi que des infrastructures trop spécifiques (systèmes radars, d’appontage, etc.).
http://defensetech.org/2015/07/10/australian-navy-cancels-order-for-the-f-35b-joint-strike-fighter/
Merci pour l’info Antoine.
Merci du renseignement pour le budget du Rafale.
Je ne sais pas si le F-35 est une escroquerie, on me paraît plutôt toucher les limites des sciences physiques : on ne pourra pas indéfiniment remplacer de bons (voire excellents) avions dédiés par des avions omnirôles, forcément (beaucoup) plus chers.
La seule économie est une économie d’échelle : plutôt que trois avions spécialisés à 30 millions de $, un seul à 75 m $ pouvant faire les trois spécialités en (légèrement) mieux (et même lors du même vol), est beaucoup plus intéressant pour les politiques (qui décident de payer), et les militaires (supériorité et innovation).
LE problème étant lorsque le nouvel avion coûte 195m$ au lieu de 75… ! Et qu’en plus il fait tout moins bien… (à part la furtivité… et encore ça reste à prouver, ce qui va prendre du temps… qui joue contre lui…)
Maintenant, comme dit Arnaud, ce n’est pas parce qu’il n’est pas réussi pour le moment, qu’il est un échec définitif, bien des avions us ont connu de gros problèmes de développement avant que d’être satisfaisants (F-89, F-100, F-102, F-104, F-4…)
Comme dit GoshtGrey, pour le moment et les années à venir, un chasseur 4+ avec des brouilleurs efficaces, est bien meilleur que le F-35, et pour beaucoup moins cher !
Arrivé à maturation, dans dix ans, y aura-t-il rupture technologique, le pari sera-t-il gagné ? Ou le programme sera-t-il un échec (limité pour les Etats-unis, quant aux autres pays…) comme bien d’autres : XB-46, XF-103, XF-108, A-12, etc.
Toute la question est là !
Merci pour ces commentaires mesurés qui font plaisir à lire au milieu de l’aveugle Bashing massif sur le F-35 qui inonde le Net.
La question sur la rupture technologique est La bonne question !!
Si les stratèges US ont vu juste et que le combat aérien futur voit les avions optimisés pour la maniabilité servir de cible facile de ball-trap, alors le F-35 sera nettement l’avion le mieux adapté à cette nouvelle guerre aérienne … apportant donc une très forte supériorité à ses utilisateurs.
Si les stratèges US se sont trompés, le F-35 devra évoluer où être déployer en équipe avec un autre avion. Je soupçonne fortement les américains d’avoir ce scénario déjà prêt à travers les dernières mises au point effectuées pour permettre un travail commun entre F-35 et F-22. Je pense que le F-22 va servir d’ange gardien et, comme un officiel Us l’a dit récemment, le F-35 va libérer le F-22 de ces missions Air-Sol qui ne sont pas sa priorité.
Pour les autres acheteurs je ne vois en fait aucun grand souci : Face à des forces relativement faibles (guerre asymétrique) toutes ces nations pourront compter sur le F-35 qui devrait permettre de dominer le ciel face à des aviations assez anciennes. Pour ce qui est de faire face à un ennemi puissant … il faudra s’adosser à la puissance US pour avoir le soutien des F-22 ou/et utiliser des avions complémentaires comme le Typhoon ou le Rafale. Mais après tout, tous ces pays n’imagineraient jamais « affronter » la Chine ou la Russie sans un engagement US à leur côtés … donc le F-35 ne change rien, il conforte juste un fait existant et apporte une nouvelle cohérence en terme de matériel à cette réalité.
Merci.
D’accord avec vous quant à la technologie ou l’utilisation du F-35 à l’étranger, mais avec tout de même un gros souci : celui du coût !
Remplacer 100 F-16 par 14 F-35… Ce n’est pas vraiment la même chose. Ca change.
Indépendamment du coût d’utilisation (les pilotes pourront-ils voler assez ? Les vols d’entrainement seront-ils effectués sur simulateur ?) , y aura-t-il assez d’avions ?
Ou alors cela poussera à plus de mise en commun des moyens militaires (en voie de raréfaction… La disponibilité opérationnelle de la Bundesluftwaffe… ?) , un rôle des institutions communes renforcé (OTAN, UE, OTASE…), d’où des questions de souveraineté et de démocratie (seuls les pays les plus riches ayant les moyens d’entretenir des forces de défense) nouvelles qui se poseront.
Si les Camberra australiens ne peuvent pas embarquer le F-35B, alors le Juan Carlos I non plus. Au moins ces grosses dépenses semblent impossibles en ce moment pour l’économie espagnole. Les espagnols ont fait un navire très sophistiqué et devront garder leur Harriers. Je me demande si le Cavour italien sera également incapable accueillir les F-35 déjà commandés ?? :-/
Ce qui est très étonnant dans ton commentaire Vark est que le F-35 par rapport au Harrier mise à part la pseudo furtivite et sa capacité supersonique, n’apporte rien de plus ! Bon pour l’intégration des données et le reste, il y a juste des générations de différences qui les séparent !
Donc ma question est : pourquoi ne pas moderniser le Harrier (quite à en fabriquer des nouveaux ?) en lieu et place de cette mauvaise blague ?
Imaginez que les pilotes des Marines détestent cette avion comme les pilotes de L’USAF avec le F-104 même si les raisons sont différentes !
N’est-ce tout simplement pas une affaire politique de gros sous ?
C’est vrai que le Harrier est un avion exceptionnel, comparable au A10 sur ce point de vue : il est spécialisé, donc bon dans ce qu’il fait.
Mais – à mon avis – c’est d’autres points communs avec le A10 qui le condamnent :
– le nez pas pointu : c’est autant une limite technique que politique, car les décideurs aiment les avions aux nez pointu et formes effilées, ça fait moderne…c’est couillon mais c’est vrai. Mais c’est aussi une limite technique puisque les deux sont subsoniques. La c’est vrai que c’est un facteur non négligeable.
– une vieille cellule : ça reste des vieux avions… même sur des avions robustes comme ça, je ne suis pas sûr que ce soit encore rentable de faire des modernisations sur une vieille enveloppe.
Donc il y a bien un côté politique, avec ce désir de l’avion « tout beau tout neuf star wars de la mort », mais quand même des contraintes tech aussi !
J’espère pour eux que le complexe militaro-industriel US a commencé à plancher en secret sur de nouveaux avions plus spécialisés et moins chers que le F35 (ce qui est possible – sans forcément être probable -, médiatiser le développement de tels appareils pourrait nuire à l’export du F35).