L’annonce faite le 17 mars dernier par plusieurs agences de presse russes avait quelque peu confirmé les craintes des responsables de la défense européenne et de l’OTAN : le pouvoir russe actuelle compte bien persister dans sa militarisation (à outrance ?) de la Crimée. Parmi les décisions annoncées l’une concerne des bombardiers à capacité nucléaire qui viendraient se baser en permanence dans la péninsule récemment annexée par Moscou. Les avions concernés seraient des Tupolev Tu-95 Bear et des Tu-26 Backfire.
Seulement voilà quinze jours après cette fracassante annonce force est de constater qu’aucun de ces avions n’a été aperçu dans la région, ailleurs par contre oui. Et ce n’est pas faute que la Crimée soit surveillée. Par définition proche de l’Ukraine, puisque jusque très récemment ukrainien, son territoire est en quasi permanence scruté par les radars des avions de l’OTAN, et principalement leurs AWACS Boeing E-3C. La question serait donc de savoir quand Moscou compte t-elle envoyer ses bombardiers en Crimée.
Ou plutôt, l’aviation russe en a t-elle encore les moyens réels ? Sur le papier oui, indubitablement la Russie demeure un pays riche. Néanmoins ses richesses sont fragiles car la stabilité économique du pays ne repose quasi intégralement que sur la confiance accordée par certains investisseurs au pouvoir actuellement en place. Faute d’une industrie aisément commercialisable à l’étranger la Russie repose ses exportations sur ses ressources naturelles, gazières et agricoles. Sans compter le fait que le rouble n’est pas une monnaie « internationale » à l’inverse du dollar américain, de la livre sterling, ou de l’euro.
Hors dans la Russie post-soviétique le budget de la défense est totalement indexé sur celui des exportations. En gros si la Russie vend bien à l’étranger son armée (au sens le plus large) se porte bien, si au contraire elle peine à exporter son armée devra se serrer la ceinture. Ce qui dans une période de crise comme Moscou en connait une depuis Noël dernier n’est pas forcément une très bonne nouvelle pour les militaires.
Économiquement parlant on voit donc mal comme les dirigeants russes pourraient justifier ce déploiement.
Il y a aussi un contexte diplomatique. Même si Moscou refuse toujours de retourner à la table des négociations concernant un éventuel désarmement à ses frontières communes avec l’Ukraine, après le semi-échec de Minsk 2, le pouvoir russe ne peut pas tout faire dans la région sans craindre le courroux de ses voisins. Et pas que de ceux-ci.
Enfin il convient de se dire que si réellement la Russie en venait à déployer des bombardiers à capacité nucléaire, et donc les missiles de croisière qui vont avec, elle n’aurait qu’une capacité limitée d’utilisation. En effet depuis le 26 décembre dernier et sa déclaration plutôt alarmiste vis à vis de l’OTAN cette dernière ne prend plus à la légère du tout n’importe quel décollage d’un avion d’arme russe aux frontières de l’organisation ou de l’Europe. Ce qui implique qu’un Backfire ou un Bear décollant de Crimée serait immédiatement surveillé comme le lait sur le feu par les AWACS atlantistes, et même éventuellement par la chasse occidentale.
Au final il faut bien se dire que cette atmosphère de guerre froide entre Moscou et le duo OTAN/Union Européenne ne semble pas prêt de cesser. Et comme Moscou ne semble pas dans l’optique d’un apaisement on voit mal pourquoi Bruxelles en ferait autant.
Photo © UK Ministry of Defence.
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5 Responses
J’ai lu dans un article de presse qu’il parlait du Tu-22M Backfire, c’est une autre version du Tu-26 ?
Le Tu-22M Backfire est aussi appelé Tu-26
Non, en fait « Tu-22M » est la véritable désignation de cet avion. « Tu-26 » est l’ancien nom que l’OTAN lui donnait avant de connaître sa désignation soviétique.
Merci pour ses infos.
il faut souhaiter que l’intrigue finisse de la part de la russie, il ont un potentiel aérien et terrestre
qui ferait trembler l’europe!!!!!