L’US Air Force manque de pilotes… pour ses avions sans pilote !

C’est ce qu’on appelle le revers de la médaille. Depuis une dizaine d’années l’aviation militaire américaine s’est tellement reposée sur sa flotte de drones que désormais elle manque cruellement de pilotes pour les mettre en œuvre. Non seulement, elle n’en recrute pas suffisamment mais de surcroit ceux qui servent actuellement dans l’US Air Force peinent à remplir correctement leur charge de travail.

Du coup les actuels pilotes de drones découvrent un mal bien connu des entreprises : le syndrome d’épuisement professionnel, aussi connu sous le nom anglophone de burn-out. Les pilotes engrangent les « heures de vol » à très grande échelle, diminuant leurs temps de repos et de pauses nécessaires à l’organisme pour se remettre, et sont par conséquent moins concentrés sur leurs missions.

D’après la presse américaine certains pilotes de drones en arrivent à accumuler douze à quinze heures de vol d’affilé, sans quasiment de temps de repos, dans des pièces plongée dans une semi-obscurité, avec pour seule fenêtre sur l’extérieur les écrans de contrôles de leur drone. De ce fait, le burn-out arrive parfois au bout de seulement deux ans de service.

Ce sont surtout les pilotes de MQ-1 Predator et MQ-9 Reaper qui semblent les plus touchés. Il faut dire que ces avions sans pilotes sont les plus sollicités depuis plusieurs années : Afghanistan et Libye il y a quelques temps, Irak et Sahel aujourd’hui, les drones de reconnaissance et d’attaque de l’US Air Force ne chôment pas.

Pilotes de drones de l'US Air Force dans leur environnement de travail quotidien.
Pilotes de drones de l’US Air Force dans leur environnement de travail quotidien.

Le résultat est qu’actuellement de jeunes pilotes de drones, tout fraîchement diplômés se retrouvent affectés à des missions de combat de plusieurs heures après seulement un mois ou deux en unité, alors qu’il en faudrait le triple pour bien les former. Mais surtout une bonne partie des pilotes victimes de ces syndromes d’épuisement professionnel sont ensuite rapidement rendus à la vie civile pour raison médicale, ce qui accroit les carences en pilote, et oblige l’état-major à augmenter les cadences de travail de ceux restants. Un cercle vicieux dont les médecins militaires américains sont bien conscients. Sauf que désormais l’affaire est connue aux États-Unis et qu’elle tourne au scandale. Les Américains n’aiment pas qu’on malmène leur armée, y compris quand c’est le fait d’elle-même.

Cette affaire n’est pas à prendre à la légère en Europe où les drones prennent une place de plus en plus importante dans la défense et les opérations extérieures. Pour mémoire la France, l’Italie, et le Royaume Uni utilisent également des Reaper.

Photos © US Air Force.


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Arnaud
Passionné d'aviation tant civile que militaire depuis ma plus tendre enfance, j'essaye sans arrêt de me confronter à de nouveaux défis afin d'accroitre mes connaissances dans ce domaine. Grand amateur de coups de gueules, de bonnes bouffes, et de soirées entre amis.
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Commentaires

4 Responses

  1. Ça peut aussi poser un autre problème très grave . Est ce qu’il est sage de confier les commandes une machine armée à un pilotes au bord du burn-out ? Est ce que leur jugement est pertinent au moment d’envoyer une bombe ?
    Sinon, bravo pour tout ces articles Arnaud, c’est un régal .

    1. C’est surtout: est-ce qu’il est bon de laisser de jeunes pilotes (1 mois d’expérience) faire des missions très polémiques (drone de combat). Difficile de penser que ces gars sont aussi expérimentés et calmes qu’un pilote de chasse qui a quelques centaines d’heures de vol.

      1. Exactement . 1 mois de formation de l’U.S.A.F, c’est équivalent a quoi ? C’est comme passer les commandes a un jeune engagé d’un mois dans une école de l’armée de l’air ?! En plus a quelques pixels près ils peuvent confondre un bâton de berger avec un fusil .

  2. Paradoxe,paradoxe .
    N’oublions pas que le stress post traumatique touche aussi les pilotes de drones .
    J’avais lus un très bon article sur ça du courier international on un pilote de drone raconte sont expérience en Irak et Af/Pakistan .

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