Le Kawasaki P-1 peut-il permettre au Japon de reconquérir le Pacifique ?

De plus en plus de voix au Japon s’élèvent face à l’omniprésence des forces armées et aériennes américaines dans l’archipel. Ces même voix se font entendre par rapport à l’inféodation des militaires nippons aux industriels américains de l’armement. Mais désormais le Japon a un outil, un levier formidable pour démontrer sa soif d’indépendance : le quadriréacteur de patrouille maritime Kawasaki P-1 est désormais pleinement opérationnel dans la Kaijo Jieitai, la marine de protection japonaise.

Entrés en services l’an dernier ces avions vont permettre à l’horizon 2020 de totalement remplacer la flotte de Mitsubishi P-3J Orion acquis dans les années 1970. Bien qu’encore très en pointe ces avions sont beaucoup trop marqués « made in-USA« , alors même qu’ils ont été intégralement assemblés localement avec une avionique et même une partie de l’armement en provenance de l’archipel nippon.

À la toute fin du siècle dernier Boeing tenta de placer son P-8 Poseidon, mais sans grand succès. Les Japonais étaient déjà engagés dans le développement du P-1.

Face à face les deux futurs maîtres du Pacifique : le Boeing P-8 et le Kawasaki P-1.
Face à face les deux futurs maîtres du Pacifique : le Boeing P-8 et le Kawasaki P-1.

Désormais les Japonais aimeraient le voir évoluer hors de leurs frontières au-dessus des eaux du Pacifique et de l’océan Indien. Cependant une partie de la classe politique locale craint que ce retour de puissance des militaires ne ravivent certains espoirs perdus après 1945, ceux de recréer un grand empire nippon tout puissant. Une crainte partagée par une partie de l’opinion publique asiatique, mais également américaine. Celle-ci est régulièrement balayée par les généraux et amiraux japonais qui soulignent leur profond attachement aux apprentissages qu’ils ont reçu des Américains.

Cependant il n’est plus rare de voir des Kawasaki P-1 venir se poser en Corée du sud, en Indonésie, ou comme très récemment à Pearl Harbor. Le rayon d’action de l’avion est suffisant pour permettre de tels vols. Mais en fait en filigrane c’est la volonté japonaise d’exporter ses propres avions militaires qui apparait, une possibilité qu’elle a perdu après sa défaite de la Seconde Guerre mondiale et qu’elle aimerait reconquérir. Il faut dire que les ventes du Tigre franco-allemand (c’est ce dernier terme qui ici est important) aux militaires australiens et espagnols ont réveillé l’appétit des industriels de défense de l’archipel. Et le Kawasaki P-1 pourrait les y aider.

Photos © US Navy.


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Arnaud
Passionné d'aviation tant civile que militaire depuis ma plus tendre enfance, j'essaye sans arrêt de me confronter à de nouveaux défis afin d'accroitre mes connaissances dans ce domaine. Grand amateur de coups de gueules, de bonnes bouffes, et de soirées entre amis.
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Commentaires

8 Responses

  1. Je peut comprendre que les intentions japonaises de devenir plus qu’une puissance économique inquiète .
    Dotant plus que le Japon n’a pas fait sont devoir de d’introspection et de mémoire des crimes dons l’armé et le gouvernement ses rendus coupable pendant la guerre .
    Mais après tous la peur du réarmement de l’Allemagne a aussi fait son oeuvre en sont temps .
    Mais n’oublions pas que dans cette région du monde la guerre froide n’est pas fini .

  2. Contrairement à ce qui est écrit, c’est sans nul doute le premier terme qui est important : ‘franco-allemand’.
    C’est à dire que cela fait très longtemps que l’Allemagne exporte du matériel militaire, mais au début en coproduction : Transall, AlphaJet… Sans compter les missiles : HOT, Roland…
    Si le Japon se lançait dans de grands programmes industriels militaires de co-fabrication avec la Corée du Sud, Taïwan (ou pourquoi pas même le Viet-Nam ou la Chine… ?) comme l’Allemagne a su le faire pour ne pas faire peur à ses voisins (et travailler sa communication et ses arguments commerciaux : insistance sur la qualité de l’industrie allemande, et sur les ‘exploits’ de la wehrmacht…), nul doute que les ventes seraient au rendez-vous !
    Mais comme dit Laurent, contrairement à l’Allemagne, le Japon n’a pas fait son devoir d’introspection et de mémoire… Il n’y a pas de hasard.
    On ne voit pas bien qui pourrait acheter le P-1… le Pérou, l’Argentine (encore qu’il s’orienteront plutôt vers des solutions plus économiques de type Airbus C-295 Persuader ou Embraer 145 MP) ?
    Personnellement c’est plutôt la configuration 4 réacteurs au lieu de 2 qui m’interroge ?
    Airbus Military a choisi le A330, pas le A340 : il y a une GROSSE différence en terme de coût d’entretien/utilisation : ce choix peut paraître curieux, sans doute qu’il n’y a pas de réacteurs japonais plus puissants ? C’est sans doute là son talon d’achille…

    1. Il a l’air beaucoup plus massif que le P-8. Cela ne m’étonnerait pas qu’il soit bien plus lourd. Quant aux réacteurs … les CFM du P-8 sont deux fois plus puissants que les réacteurs indigènes du Kawasaki. Et comme deux réacteurs sont plus économes que quatre réacteurs à puissance équivalente … Le Poséidon part largement favori niveau qualitatif.

      1. Les Japonnais ont toujours u du mal a fabriquer des moteurs puissants . A le fin de la 2eme guerre leurs avions étaient largement sous motorisé par rapport aux avions américains . Mes infos date d’y a 70 ans donc … n’hésitez pas a me contredire .
        L’armé Japonaise a largement perdus de son prestige et ce en grande partis pars que les mentalités ont changé au Japon . Je vous invites a lire un manga écrit et dessiné par un ancien des JDF : Rising Sun (2 tomes publié en France pour le moment) .
        On suis le parcourt d’un jeune qui s’engage dans l’armé Japonaise et très vite il est confronté a l’incompréhension de sa famille et le mépris de ses pairs et profs . Un peut plus loin dans le récit,lors d’un flash back d’un perso secondaire,on constate tous le mépris des civils pour l’armé : lors d’un catastrophe naturel l’armé viens en aide a un village ensevelie et tous le monde les accusent de ne rien faire,ou de ne pas faire les choses correctement etc … Un type accuse même le héro du flash back d’être un « voleur d’impôts » . Je rappelle que l’auteur est un ancien militaire et dons j’ai le sentiment que cette scène est un fait réel .
        Le mépris des militaires se vois dans pleins d’autres mangas (je vais pas tous les siter) donc avoir peur que le Japon veuille récupérer son empire … la chine est le vrais problème pars que eux ils le disent et le font .

        1. La différence de la Chine, c’est qu’elle n’a jamais tenté d’envahir le pacifique. D’abord parce qu’elle a déjà presque tout ce qu’il lui faut chez elle, ensuite parce que les chinois ne sont pas impérialistes. Ça peut paraitre bizarre mais c’est vrai. Cela doit leur venir de Sun Tzu, je sais pas.

          Le Japon c’est complètement différent. Ils ont longtemps été isolationniste avant de découvrir qu’ils avaient une avance technologique et une organisation du travail puissante (leur pays est petit, mais le travail au Japon est quelque chose de presque sacré. Il n’y a pas de grèves comme en France, les japonais sont presque des esclaves modernes de leur plein gré). Et eux ils se sont lancés dans une invasion sans limite. Une invasion aussi destructrice que cruelle. La barbarie japonaise était en tout point équivalent à la barbarie des pires troupes SS, si ce n’est plus. Les soldats américains capturés pendant la WWII peuvent en témoigner. Dès les années 30, ils envahissent la Chine et se lancent dans de véritables génocides. En Corée, ils ont déportés des millions de pauvres filles qu’ils ont prostituer de force. Enfin, comble de l’horreur, ils se sont lancés dans des campagnes de guerre bactériologiques, juste pour le plaisir (unité 731). Tout cela a fortement incité les USA à utiliser la Bombe. Les soldats nippons étant tellement embrigadés par le bushito que les américains en sont venus à l’idée que les japonais n’étaient pas des humains normaux. Ce qui est terrible.

          Maintenant, le problème, c’est que le Japon n’a pas fait son autocritique depuis la guerre. D’abord, l’empereur a été sauvé par les américains, seule manière possible de s’adjuger le pays en 45. Ensuite, il n’y a eu aucune reconnaissance des crimes du passé. Ils ont perdu une guerre, point barre. Sauf qu’ils ont commis plus de crimes contre l’humanité et de guerre qu’on ne peut l’imaginer. Alors pour contrecarrer ça, les USA ont fait en sorte que la Constitution japonaise interdise d’avoir une armée normale, à l’image de l’Allemagne des années 20. C’est ce qui fait que la population est en partie contre l’armée. D’ailleurs cela ne leur a rapporté que des malheurs, puisque les civils japonais ont méchamment morflé pendant la WWII.

          Le Japon a peur de la Chine, mais jamais les chinois ne voudront envahir le Japon.

        2. La chine a des revendications térritorials qui inquiètes tous ses voisins dons le japon .
          Ils sont impéraliste pars que le pouvoir engendre le pouvoir . Toutes les puissances cherches a se maintenir et a avoir plus de pouvoir . Donc,oui,je pense que la chine est impéraliste (comme les USA,la Russie,la France et la Grande Bretagne a des moments de leurs histoires) .
          Ils et nous sommes obligé d’être impéraliste .

        3. Concernant la sous-motorisation des avions japonais, c’est à la fois vrai et faux : lorsque les étasuniens ont testé des avions japonais récupérés (Zero, Sam, Franck…) pendant ou après la guerre, ils ont été surpris des performances et des puissances ne correspondant pas à ce qu’ils avaient affronté : l’explication venait de la qualité exceptionnelle des essences étasuniennes (140/145) au contraire des mauvaises essences japonaise (70/90 d’indice d’octane). La différence de puissance pouvait atteindre 15-25% !
          Les Soviétiques ont eu le même problème à l’origine : récriminations contre les Hurricanes et Spitfires livrés et n’ayant pas les performances indiquées : une enquête de RR détermina que c’était dû à l’essence soviétique qui fut donc améliorée.
          En attendant RR mis au point un catalyseur d’étain sur l’alimentation pour récupérer les perfos, qui fut repris en Australie et Nouvelle-Zélande, puis en Europe lorsque l’essence sans plomb devint obligatoire, et atterrit dans nos voitures 😉 !

  3. Lire « plutôt que sur les exploits de la Wehrmacht… » au lieu de « et sur les ‘exploits’… » !

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