L’information est venue ce mercredi 12 novembre 2014 en fin d’après-midi, par les mots même du général Philip M. Breedlove, commandant en chef des forces militaires de l’OTAN en Europe. L’organisation a décidé de relever le niveau d’alerte de ses forces, et notamment de ses aéronefs de surveillance et de combat présents en Europe orientale, principalement aux frontières avec l’Ukraine. La cause en est simple : selon le général Breedlove plusieurs convois de véhicules militaires russes auraient violé l’intégrité territoriale ukrainienne.
Ces colonnes de camions et de blindés légers auraient apparemment pénétrer de force dans les territoires occupés par les rebelles séparatistes pro-russes, faisant ainsi voler en éclat l’accord international de cessez-le-feu signé il y a environ deux mois. Un accord qui avait déjà connu, de la part des deux parties, plusieurs accrocs.
Immédiatement les Boeing E-3C de l’OTAN mais aussi ceux de l’US Air Force ont pris les airs, assurant à l’organisation une meilleure couverture de la zone. Volants aux limites de l’espace aérien international les avions radars occidentaux disposent d’une couverture suffisante pour observer au plus près les mouvements de troupes pro-russes.
Aux États-Unis plusieurs médias évoquent également la présence d’avions-espions Lockheed U-2 et de drones furtifs Lockheed-Martin RQ-170. Ces deux types d’appareils relèvent encore pour beaucoup du fantasme. Dans le cas du U-2 rien n’interdit cependant qu’un ou plusieurs de ceux-ci soient présents dans la région, c’est un appareil pleinement adapté à ce genre d’exercice. Concernant le Sentinel c’est déjà nettement plus sujet à controverse. Les Américains semblent l’utiliser avec beaucoup de parcimonie tant ils redoutent d’en perdre un second. S’en être fait abattre un par les Iraniens en décembre 2011 semble avoir largement calmé les ardeurs de certains généraux américains quand à son emploi face à un ennemi bien armé. Et dans ce cadre la Russie représente la « Rolls-Royce » des adversaires, d’autant que depuis quelques temps ses forces aériennes semblent vouloir titiller celles de l’OTAN.
À Donetzk les combats semblent avoir repris de plus belle depuis l’arrivée de ces « renforts ». Il faut dire que si la ville est en grande partie aux mains des forces pro-russes l’aéroport international demeure lui tenu par les forces armées loyalistes ukrainiennes.
Selon des journalistes de l’AFP des tirs d’armes lourdes auraient été entendu aux abords même du tarmac.
Si la Russie dément catégoriquement toute intrusion par son armée, l’Ukraine parle d’une invasion. Cette dernière a d’ailleurs placé son aviation militaire en alerte et plusieurs hélicoptères de combat Mil Mi-8 et Mil Mi-24 ont d’ores et déjà été prépositionné autour de Donetzk et de sa région. Il est à souligner que selon plusieurs médias spécialisés anglophones ces appareils auraient été rétrofités depuis le début du conflit par des entreprises israéliennes. Ainsi les autorités ukrainiennes pourraient désormais s’affranchir de l’armement russe pour équiper leurs Hind, un plus non négligeable pour Kiev.
À New-York, au siège de l’ONU, certains n’hésitent plus à envisager une « guerre totale » entre les deux pays. Et beaucoup y chuchotent que l’OTAN pourrait une fois encore tenir le rôle de bras armé onusien, en attendant l’envoi de Casques Bleus pour tenter d’y maintenir la paix.
Dans ce cas l’OTAN pourrait immédiatement compter sur ses avions de combat prépositionnés sur la partie militaire de l’aéroport lituanien de Zokniai. Ces jets participent à l’opération Baltic Air Policing visant à protéger l’espace aérien des trois états baltes, trois pays dénués d’aviation de combat. Actuellement parmi les appareils présents là-bas on retrouve des General Dynamics F-16 belges et portugais ou encore des Eurofighter EF2000 allemands et espagnols. Bien qu’actuellement armés pour des missions de défense aérienne ceux-ci pourraient rapidement se transformés en avions de reconnaissance, voire si la situation dégénérait réellement en machines d’appui aérien rapproché.
La balle est désormais dans le camps des diplomates. Mais une chose est certaine : ils auront besoin du renseignement fourni par les avions de l’OTAN.
Photos © US Air Force.
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13 Responses
Deux questions : Premièrement le RQ-170 c’est bien le « Kandahar Beast » non ? Et deuxièmement pourquoi ne parlez vous pas des avions français dans votre sujet ?
En effet le Lockheed-Martin RQ-170 a été un temps surnommé la « bête de Kandahar » par une certaine presse car il semble bien que c’est qu’il fut utilisé pour la première fois de manière opérationnelle. Ou tout du moins qu’il fut observé.
Et enfin concernant les avions français ils ne sont pas abordés, car tout bonnement absents pour l’instant du paysage régional. Jusqu’à quand ?
Curieux ! J’avoue mon étonnement. Il y a eu récemment une mise au point sur ce (t excellent) site, comme quoi il était aéronautique, et non politique, et là on nous annonce (du bon côté ?) la troisième guerre mondiale en direct… ??
Est-ce en tant qu’actualités d’aviations militaires, que nous avons droit à cet article ?
Je vais de ce pas le vérifier auprès des médias brésiliens ou chinois.
Crdlmt.
Il me semble que l’article s’intéresse aux forces aériennes en puissance dans la région et aux appareils utilisés ou non pour le renseignement. Il est indispensable de préciser le contexte géostratégique. À aucun moment, il n’y a de prises de position politique à moins de vouloir dénaturer le sens premier des propos.
Le tout résidant dans les ‘précisions’ du contexte géostratégique.
Etant en démocratie, vous avez parfaitement le droit de prendre position, ou d’exprimer une opinion, de toute façon.
Je ne crois pas trop à l' »objectivité » journalistique absolue. A un effort d’objectivité oui.
Je prends bonne note de votre réponse, et m’en contente, merci.
Préférer le U-2 au RQ-170 révèle pas mal de choses sur l’avenir opérationnel du F35 et de l’ensemble des appareils dits de 5e génération : il y a eu un investissement financier énorme dans la furtivité, mais l’appareil n’est pas encore en service que cet atout même est contesté, il n’est donc plus déployé sur ce qui est censé être son terrain de jeu, des zones hostiles dotées d’une AA conséquente ! (paparté : en combat air-air BVR la furtivité reste un atout important mais le RQ-170 n’est pas conçu pour le combat aérien)
Une question en suspens pour l’industrie aéronautique du futur (d’ici 30 ans, quand on pensera aux successeurs du F35 et associés) : vont-ils poursuivre dans la course à la furtivité vu les échecs/difficultés actuels, ou revenir à la « discrétion » pour s’offrir des appareils plus performants et polyvalents à moindre coût ?
@Arnaud : j’ai ouï dire qu’on avait envoyé deux Rafales du « Neu-neu » mais dont l’insigne avait été gommé pour le pas froisser les Russes, c’est vrai ???
Sans répondre à la place d’Arnaud, je puis confirmer cela. Et même ajouter que seuls les insignes ayant été gommées, les codes (base : 118 Mont-de-Marsan, et non 113 St-Dizier (les 2 autres Rafales) + le n° de série cxx(x) ou bxx(x) des appareils) restant inscrits, les Russes (qui sont bien informés eux) n’ont pas été dupes, mais déçus.
Dès le mois de juin, de toute manière, les Rafales (pas de AESA, que du RBE2) ont été remplacés par des Mirage 2000 de Luxeuil et d’Orange.
Au passage on voit là tout l’intérêt d’une base de nos amis polonais aux normes OTAN, qui permet aux avions occidentaux de se déployer très rapidement.
On livrera quand même aux Russes (avec retard) les BPC, puisque nous n’avons pas les moyens de les racheter…
L’intérêt de la France (et de l’Europe de l’ouest) n’est pas de jeter de l’huile sur le feu quant à la crise en Ukraine, au contraire des Etats-unis, de l’Europe de l’est, et même de la Russie.
Le F-35… vaste sujet… !
D’après les radaristes, les versions AESA (et leurs développements futurs) sont déjà capables de ‘voir’ les avions furtifs de type F-35, F-22 (qui ont plus de 20 ans…), T-50, J-20, etc.
Un avion étant un compromis, la furtivité est une qualité prise au détriment d’autres.
Les Serbes ont pu abattre un F-117 sans le voir…
Pour bombarder aujourd’hui des 4×4 en Syrie, ou au Mali, la furtivité… ?
Tout cela limite l’intérêt de la furtivité. Les conflits de demain ne seront pas forcément ceux d’aujourd’hui. Après c’est une question de choix (de pays riches).
La furtivité semble une impasse aujourd’hui, après discuter de l’état de l’art des techniques aéronautiques dans 30 ans… ? Pourquoi pas ?
Il est à noter par exemple que le Maroc a déjà fait son choix : modernisation des F.1 avec une partie de l’avionique du Rafale (hotas, autoprotection, radar, armement aasm laser/gps, pod de désignation…) : économique et efficient.
Alors là à ma connaissance les seuls Rafale du Normandie-Niemen déployés hors de France sont ceux qui participent actuellement à l’opération Chammal au-dessus de l’Irak.Concernant cet éventuel envoi de deux avions (seulement?) en Europe de l’est je n’ai pas la moindre info.
Ils ont été déployés à Malbrok (BA.22 polonaise) au nord de la Pologne du 28 avril au 2 juin 2014, en compagnie de 2 autres Rafales de la BA.113 de Saint-Dizier, et remplacés par des 2000 des BA d’Orange (Ile-de-France) et de Luxeuil (Cigognes).
Ce détachement oui je le connaissais, je répondais sur une éventuelle présence actuelle des avions français.
Oupps, désolé, je pensais que Virgile parlait de ce détachement là.
Je ne connais pas non plus le détachement actuel, dans l’éventualité de sa reconduction.
Il semblerait que non, nos 2000 ayant été remplacés par des F-16 néerlandais (depuis nos Rafale sont en Iraq…)
Il y a un beau reportage photo (Nato air policing) sur le site de la Défense (que ça fume un MiG-29… 😉 ! )
Enfin j’ai retrouvé la déclaration du Sirpa-air : « pour ne pas perturber le message de la présence française en Pologne par des considérations inappropriées, les insignes des unités ont été ostensiblement effacés des dérives des Rafale qui participent à cette mission ».
Clair et concis.