Depuis maintenant plusieurs mois, en parallèle de la crise ukrainienne, la Russie joue avec les nerfs de l’OTAN et notamment de la défense aérienne nord-américaine. Récemment un porte-parole russe a déclaré que Moscou envisagerait de revenir à une forte présence militaire dans la région des Caraïbes, incluant en cela la marine et l’aviation militaire. Jusqu’où l’OTAN, et dans une moindre mesure l’Union Européenne, peut-elle prendre ces déclarations au sérieux. Une chose est sûre, à Washington-DC on ne les prend pas à la légère.
C’est ce jeudi 13 novembre 2014 que le Pentagone a révélé qu’en marge de ces déclarations, de nombreux incidents avaient opposés les forces nord-américaines à leurs homologues russes. Ces derniers semblent prendre un malin plaisir à venir chatouiller le NORAD, l’organisme militaire en charge de la défense aérienne du Canada et des États-Unis. Mais désormais les regards des militaires américains se tournent vers Cuba.
L’historique allié de la Russie, datant de l’ère soviétique, est en effet la pays hôte privilégié selon les experts américains pour accueillir les avions militaires russes. Une hypothèse qui ne ravit pas du tout les dirigeants américains. En effet outre le fait que Cuba accueille depuis 1898 une base navale américaine permanente, la fameuse Guantanamo Bay NB, l’île se trouve à moins de deux cents kilomètres des côtes américaines. La Floride et l’archipel des Keys seraient donc à portée des chasseurs-bombardiers russes, tels le MiG-29 ou le Su-35.
Mais surtout ce que craignent les généraux américains c’est le déploiement de bombardiers lourds types Tu-26 Backfire et/ou Tu-160 Blackjack. Même si finalement la Russie ne dispose que très peu de ces derniers, seize sur le papier dont dix ou douze seulement seraient opérationnels, ces quadriréacteurs représentent une menace très crédible. Sans ravitaillement en vol ils sont théoriquement capable de pénétrer en profondeur l’espace aérien américain et venir frapper n’importe quelle grande ville dans un rayon de 5000 kilomètres, après quoi il ne lui resterait plus qu’à rejoindre une base sur le territoire russe. Plus facile à dire qu’à faire, mais la menace reste crédible pour les Américains. Le Tu-26 n’est pas moins dangereux, sa conception lui permettant de voler très bas fait de lui un bombardier de pénétration de premier plan. L’un comme l’autre peuvent emporter des armes conventionnelles ou nucléaires.
L’argument diplomatique russe est donc incontestable : Moscou ne veut plus jouer les seconds rôles face à l’OTAN.
Plusieurs pays européens, comme la France et les Pays-Bas, ont également fait des Caraïbes une de leurs zones d’influence économique. Une influence qu’ils ne voudraient pas voir ternir par la présence russe.
Alors oui le jeu russe actuel semble de plus en plus calqué sur celui des Soviétiques durant la guerre froide. Mais le gouvernement Medvedev ne doit pas oublier qu’en son temps Nikita Krouchtchev a su stopper les navires qui transportaient les fameux missiles cubains, avant que ceux ci ne franchissent la ligne de non-retour. Poutine saura t-il en faire autant avec ses bombardiers ? Rien n’est moins sûr.
Pourtant dans ce jeu du chat et de la souris les Russes pourraient faire appel à un outil incontestable pour maintenir sa puissance dans la région : le porte-avions. Ce serait alors le Sukhoi Su-33 qui représenterait une menace réelle, mais connue, pour les militaires américains. Au final seul le temps nous dira quelles sont les volontés réelles de la Russie. Bluff ou réelle volonté de jouer un rôle majeur dans les Caraïbes et en Atlantique nord ?
Photos © US Air Force
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8 Responses
Les russes enverraient leur porte-avions ? La blague. Ils n’ont d’abord presque aucun pilote qualifié pour les appontages. Ensuite, le Kuznetsov est vieux, très vieux et la classe qu’il représente n’était qu’un essai (rien avoir avec la classe Nimitz), il y a avait d’autres projets à venir derrière.
Et je rappelle que lors de ses déplacements en Méditerranée, il est toujours suivi d’un remorqueur de haute mer car les russes ne savent pas s’il est capable de revenir par ses propres moyens ^^
Sans compter qu’il n’a pas de groupe de protection. Les russes n’auraient pas de mal à trouver un sous-marin potable et un ravitailleur, mais pour ce qui est d’un croiseur anti-aérien ou d’une frégate ASM, ça sera bien plus dur. Les navires les plus récents de leur arsenal sont à des années lumières des Arleigh Burke et autres Ticonderoga.
Quant au Su-33 embarqué, il semblerait que ce soit une arnaque. Il serait plus proche des vieux Su-27 de première génération que des derniers Su-35. Et son adaptation sur porte-avions a été contestée. Le Mig-29 semblait pour beaucoup un meilleur choix. Raison pour laquelle les russes commencent à remplacer les sukhoi par des mig.
Ils peuvent toujours l’envoyer pour faire jolie ou pour transporter des armes à Cuba, mais il ne représente pas une menace pour les USA. C’est juste pour faire chier les ricains. Pareil pour les Tu-160. Ils ne pourraient en envoyer que trois ou quatre max à Cuba. Avec tous les moyens de reconnaissance US, ils n’auraient aucune marge de manœuvre. Ils seraient suivis par des chasseurs dès leur sortie de l’espace aérien cubain. C’est quand même pas un avion très furtif. Même en volant bas, il devra traverser le golf du Mexique. Et là bonne chance!
Face à la dégringolade de l’économie russe, amplifiée par la chute du marché du pétrole, le «Tsar» Poutine et ses acolytes s’accrochent désespérément au pouvoir en jouant la carte du sentiment nationaliste des russes. Quoi de plus facile que de faire voler quelques avions à la limite de l’espace aérien des mécréants occidentaux qui méprisent la glorieuse Russie ! Bien qu’il s’agisse d’une fuite en avant de l’ours russe blessé dans son orgueil depuis la chute de l’empire soviétique, c’est l’«establishment» militaro-industriel des pays occidentaux qui doit s’en frotter les mains… et même exagérer la menace. Aux premières loges de ce jeu stratégique aérien, le Canada a déjà bien besoin d’accélérer la modernisation de ses forces armées, malgré l’actuelle période d’austérité budgétaire. La menace russe, réelle ou non, viendra peut être à bout de la frilosité des contribuables canadiens face aux dépenses militaires et particulièrement celles reliées au remplacement inévitable de ses CF-18 Hornet encore pleinement opérationnels, mais pas éternels…
« Le poisson qui étouffe sur la berge remue plus que celui qui est dans l’eau . »
Caius Camillus
Bien vu, Laurent
En fait… l’information réelle… c’est qu’il n’y a rien… ?
Si j’ai bien suivi ? Un porte-parole (qui ?) a déclaré que les Russes ‘envisageraient’… Donc pour le moment : rien.
Mais si ça provoque de telles réactions à l’Ouest avec de simples paroles, honnêtement les Russes auraient tort de s’en priver… Comme le disent si bien Norris et Marcel, la Marine russe ne fait pas vraiment jeu égal avec l’Us Navy…, et le lobby militaro-industriel occidental n’a bientôt même plus besoin des Russes pour imaginer une menace, dont il importe surtout qu’elle fasse bien peur, indépendamment de sa réalité.
Et puis en plus, on ne peut qu’imaginer la paranoïa nationaliste russe, eux qui subissent des incidents tous les jours. Si nous nous parlons de ‘provocations’ (‘joue avec les nerfs’, ‘chatouiller’, ‘ligne de non-retour’, ‘menace’… tout un vocabulaire de propagande de guerre froide ) à chaque fois qu’un avion (ou un navire) russe passe dans l’espace international à 200km de frontières occidentales…
« Selon les experts américains »… : tout est dit : enfumage.
Ca y est, ils les ont enfin trouvées, les armes de destruction massive… ?
Certes, je sais, mauvais esprit, mais que voulez-vous, c’est tellement facile là…
L’essentiel est que l’on reste dans le geste, le symbole, et la diplomatie.
Quoiqu’on en dise, Sieur Poutine n’est pas un irresponsable, juste un très habile joueur d’échec qui sait fort bien »jouer avec les nerfs » des occidentaux.C’est quelqu’un qui ne supporte plus de voir son pays humilié et qui a décidé de rendre sa fierté au peuple russe.Pas d’une manière toujours très fine, mais quand même. Je crois plutôt à une guerre du style terroriste menée par des extrémistes tels que les islamistes, d’ailleurs nous y sommes en plein.Poutine n’est pas idiot et il sait très bien que lui aussi est menacé sur son flanc sud par les pays déstabilisés de religion musulmane (Syrie,Lybie,Irak…).Et c’est sans doute pour cela qu’il a « récupéré »par la force la Crimée, pour se garder à tout prix un accès aux mers chaudes, obsession de la Russie depuis des lustres.
Voici ce que j’avais écrit dans la rubrique « A quoi joue l’aviation soviétique en ce moment? ».Je vois que beaucoup me rejoignent sur ce point. De plus on sait aujourd’hui grâce à la consultation d’archives que le soi-disant « rouleau compresseur » russe tant craint dans les années 70 et 80, était loin de la réalité tant le matériel était défectueux.
Oui, ce médiocre ex-officier du KGB qu »était Poutine, se croit encore à cette époque là et ce n’est pas la clique de « copains-courtisans » corrompus et incompétents de ces années là et dont il s’est entouré , qui va le détromper.
En dehors de son gaz et de son pétrole, la Russie n’a aucune industrie de pointe et on meurt encore dans les campagnes reculées de la steppe russe par manque de soins médicaux et d’accès à l’eau potable.
Quant au Sukhoi SS1-100 qui devait paraît-il concurrencer Embraer, Bombardier etc…sur le créneau des avions bi-réacteurs courts-courriers, Aéroflot s’en est vite débarrassé. Chercher l’erreur…..
Réponse
Et personne ne remarque que l’Otan est aux portes de Moscou avec leur « aide » à l’Ukraine!! Et cela dans le cadre d’uns stratégie militaire appelée encerclement!! Tiens tiens….donc le merdier en Ukraine ne serait pas aussi spontané que cela??? Les agresseurs ne seraient peut être pas ceux qu’on pense!!
Pour avoir connu la guerre froide à mon enfance, j’étais évidemment pro OTAN, mais depuis les révélations des missions slick chick, fired paper…. Chariot chrome dome…. On se rend compte que les plus agressifs ne sont pas forcément ceux qu’on croit…
Pour ce qui est de la technologie russe actuelle, en 2014 ils ont réussi l’exploit d’éteindre les systèmes de guerre d’une frégate US… Le bateau est vite rentré au port et 27 marins ont démissionné….