Un casse-tête pour les décideurs financiers et militaires américains. Comment remplacer un avion de conception simple, rustique, robuste, et finalement toujours très efficace ? C’est la question à laquelle les Américains doivent répondre depuis maintenant une dizaine d’années au sujet du jet d’entraînement Northrop T-38 Talon. Le célèbre biplace de l’US Air Force aurait initialement dû quitter le service actif en 2003. Mais onze ans plus tard, force est de constater qu’il est toujours bien là. Alors les responsables du Pentagone ont eu l’idée de concevoir le programme T-X visant au remplacement du Talon, mais sans réellement lui donner de date butoir. Tout juste sait on que le programme sera examiné lors de l’année fiscale 2017.
Pour mémoire les premiers T-38 Talon sont entrés en service aux États-Unis en 1961. Premier véritable jet d’entraînement supersonique il permit là-bas de remplacer en première ligne les Lockheed T-33 T-Bird considérés comme quasi obsolètes avec la généralisation des chasseurs capables de dépasser Mach 1.
De même entre 1974 et 1982 le Talon fut la monture attitrée de la patrouille acrobatique des Thunderbirds. Même la NASA et l’US Navy utilisent cet avion pour l’entraînement de certains de leurs pilotes, notamment ceux attachés aux différents centres d’essais en vol.
Alors quel avion pourrait remplacer un appareil aussi étroitement lié à tous les pilotes de chasse américains depuis un demi-siècle ? À priori aucun je vous dirais. Et pourtant c’est le pari un peu fou du programme T-X.
Du coup un petit tour d’horizon des candidats potentiels s’impose.
En premier lieu figure l’Aermacchi/General Dynamics XT-100, une version américanisée du M-346 Master italien. Vient ensuite le BAe/Boeing XT-128, une version là encore américanisée mais cette fois ci du Hawk T Mk-2A. Il reprendrait une partie de l’avionique du T-45C Goshawk en service dans la marine américaine. Il faut signaler que depuis 2013 le géant américain s’est également allié à Saab pour envisager un biplace d’entraînement avancé issu du Gripen. Enfin il y a bien entendu le KAI/Lockheed-Martin T-50, qui ne serait ni plus ni moins qu’un Golden Eagle construit sous licence américaine.
Si on y regarde bien aucun de ces avions n’est de conception américaine. Pis Northrop-Grumman, concepteur d’origine du T-38 Talon semble absent du programme. Deux donnes qu’il ne faut pas prendre à la légère.
En fait quiconque s’intéresse à l’aéronautique militaire actuelle s’est rendu compte que les programmes américains d’avions d’entraînement ne concernent plus que des appareils turbopropulsés, à l’image du Beechcraft T-6A Texan II. Il y a bien sûr le Textron Scorpion, mais il ne semble pas actuellement intéresser les décideurs américains.
Alors certains aux États-Unis envisagent une autre option, moins onéreuse à court terme mais qui ne fait que reculer l’inévitable achat d’un nouvel avion d’entraînement : modifier des chasseurs biplaces de transformations F-16D Fighting Falcon. Un chantier aux coûts forcément réduits, et qui plairait certainement aux financiers de Washington-DC. Seulement voilà l’industrie aéronautique américaine ne serait pas gagnante, même pas Lockheed-Martin le vraisemblable maître d’œuvre choisi, car un tel projet ruinerait tout espoir en matière de recherches et développements.
Quoiqu’il en soit l’examen en 2017 du programme T-X n’est qu’une étape puisque la décision finale n’est pas attendue avant 2023, soit vingt ans après la fin de carrière théorique du Talon. En attendant les structures vieillissent, les moteurs souffrent, et la qualité de l’enseignement en pâtit forcément. Mais ça pour les financiers américains c’est une autre histoire qui ne les concerne pas.
Photo © US Air Force.
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5 Responses
Le coût d’exploitation des F-16D doit être bien supérieur à celui des T-38 ?
Ne vous semble-t-il pas plutôt que les autorités américaines jouent la montre pour faire gagner le Textron Scorpion ?
Pour une raison assez difficile à comprendre le Scorpion semble boudé par les décideurs américains, alors même que c’est un produit innovant, aux coûts de développement annoncés assez bas, et au profil général qui devrait plaire à l’USAF. D’où l’incompréhension autours de ce non-choix. Peut être à chercher du côté des pouvoirs politiques américains.
Merci pour votre réponse informative.
Je ne connaissais pas la situation actuelle du Scorpion, qui, si j’ai bien compris, devrait donc changer radicalement quand Textron se fera racheter par une major (Boeing, Lockheed-Martin ou Northrop-Grumman) bien en cour à Washington… 😉 !
Le souci c’est qu’en théorie Textron est déjà une major. Mais en effet je rejoins votre point de vue Xav520.
En effet, après m’être renseigné, il apparait que Textron possède Bell, Cessna, Lycoming et Jacobsen (entre autres), donc une major.
Curieux de ne pas sortir le Scorpion sous la marque Cessna ?