Une telle nouvelle ne peut parvenir que de la Grande-Bretagne ! On ne peut les manquer dans la campagne ondulante du Bedfordshire tout près du village de Cardington : dans l’un des deux gigantesques hangars d’une autre époque, le plus grand dirigeable au monde prend forme.
Ces hangars rappellent la brève saga des dirigeables britanniques à la fin des années 1920. Voulant disposer de paquebots volants pour assurer des liaisons vers ses colonies et dominions, la Grande-Bretagne fabriqua deux luxueux dirigeables. Le R-100 effectua son vol inaugural en juillet 1930 à destination de Montréal au Canada. La traversée de l’Atlantique ne fut pas de tout repos, le R-100 étant malmené près des côtes canadiennes par une violente tempête qui provoqua des déchirures de l’enveloppe extérieure. Suite à des réparations temporaires effectuées en vol, une partie de l’enveloppe externe fut remplacée alors que le R-100 était immobilisé à son mât d’amarrage à l’aérodrome de Saint-Hubert en banlieue de Montréal. Après une brève escale à Québec, le retour du R-100 vers Cardington s’effectua sans histoire. Faute de suffisamment de personnel qualifié, une bonne partie de l’équipage du R-100 embarqua sur le R-101 qui devait assurer une première liaison vers l’Inde. Peu de temps après son départ le 5 octobre 1930, le R-101 s’écrasa en France dans la région de Picardie, près de Beauvais, tuant 48 personnes. Deuxième accident de dirigeable le plus meurtrier de l’histoire après celui de l’USS Akron, un dirigeable porte-avions doté d’appareils Curtiss Sparrowhawk, la tragédie du R-101 marqua la fin de l’aventure des dirigeables britanniques. Le R-100 fut remisé dans son hangar et mis à la ferraille en 1931.
Mais revenons à aujourd’hui et à la baleine blanche volante qui prend forme à Cardington. Ce futur léviathan du ciel long de 90 mètres, baptisé Airlander, au qualificatif de dirigeable hybride, va révolutionner le monde de l’aviation selon l’entreprise britannique Hybrid Air Vehicles. Combinant les caractéristiques d’un dirigeable, d’un aéroglisseur et d’un avion, ce tout nouveau type d’appareil plus léger que l’air fait appel aux toutes dernières technologies et matériaux, dont les fibres ultra résistantes développées pour les voiles des lévriers des mers participant à la légendaire America’s Cup, tel le Vectran similaire au Kevlar. La portance du Airlander est assumée à 60% par l’hélium et à 40% par l’écoulement du l’air autour du dirigeable en forme d’aile. Les coussins de sa partie inférieure étant conçus pour agir comme aéroglisseur, il peut atterrir, ou amerrir en douceur, sans aide extérieure.
Le concept de l’Airlander a déjà fait ses preuves puisque le prototype HAV304 a pris le ciel en 2012 aux États-Unis. Développé pour l’US Army désireuse de disposer d’une plate-forme d’observation et de communications de très longue endurance pouvant être utilisée dans des zones d’intervention comme l’Irak et l’Afghanistan, le projet HAV304 Skycat est toutefois tombé sous le couperet des disputes budgétaires au Congrès américain. L’Airlander 10 prenant forme en Angleterre, aura une charge utile de 10 tonnes. De taille encore supérieure, l’Airlander 50 qui pourra transporter des charges cinq fois supérieure à un hélicoptère Chinook est déjà dans le cartons. L’entreprise Hybrid Air Vehicles vise éventuellement à mettre en marché des dirigeables capables de transporter des centaines de tonnes. Beaucoup plus économiques, tant en coûts d’entretien que de carburant, que les hélicoptères et même de gros porteurs comme l’Antonov 124 ou le Glomaster, l’Airlander pourrait s’accaparer une part du marché de l’aviation. Bien que l’enveloppe de l’Airlander soit composée de matériaux de pointe beaucoup moins perméables aux minuscules molécules d’hélium que celle des dirigeables actuels, le coût croissant de ce gaz dont on craint des pénuries d’approvisionnement dans les années à venir pourrait toutefois constituer un frein à l’essor de cette filière aéronautique.
L’Airlander 10 devrait effectuer son premier vol d’ici la fin de l’année avec nul autre aux commandes que Bruce Dickinson, actionnaire de l’entreprise, pilote de ligne et chanteur vedette du groupe «heavy metal» Iron Maiden. C’est certainement un bon coup de publicité, mais espérons que les futurs passagers des appareils Airlander pourront avoir accès à d’autres choix musicaux durant leur voyage !
En savoir plus sur avionslegendaires.net
Subscribe to get the latest posts sent to your email.
Une réponse
Je suis tout à fait d’accord avec toi !