La récente révolution populaire ukrainienne qui a vu le départ précipité du président Viktor Ianoukovitch risque d’avoir des conséquences pour le moins surprenantes. En effet, ce mercredi 26 février 2014 la Russie a décidé de réagir militairement aux bouleversements en cours chez son voisin, et jusque là très fidèle allié. Son président, Vladimir Poutine, a donc placé des troupes en masse aux frontières du pays. Un millier environ de véhicules blindés, de camions de transport, et d’engins de reconnaissance se trouvent donc à moins de trente minutes de l’Ukraine. Officiellement, il ne s’agit que de manœuvres prévues de longue date et qui doivent se terminer dans le courant du mois de mars.
Mais les yeux se tournent aussi vers la province russophone de Crimée. Sébastopol est en effet le port d’attache de la puissante flotte de la Mer Noire. Même après l’éclatement de l’Union Soviétique la Russie a continué à disposer de ce débouché maritime donnant accès via le détroit du Bosphore à la Méditerranée et à ses tensions récurrentes. Les bâtiments de la flotte sont d’ailleurs eux aussi en alerte.
Dans le même temps des avions de reconnaissance maritime Ilyushin Il-38 ont été aperçu au large de la ville, ils portaient les marquages russes. Pour mémoire ces avions ont une totale capacité de guerre contre les navires de surface autant que contre les sous-marins.
Mais surtout plusieurs observateurs, dont des journalistes indépendants, ont rapporté avoir observés des chasseurs volant à basse altitude. Certains estiment qu’il pourrait s’agir d’avions de pénétration Sukhoi Su-24 MK. Cette version est en effet en dotation dans l’aéronavale russe, avec des capacités accrues d’emport de missiles antinavires Kh-31, le fameux AS-17 Krypton dans la nomenclature de l’OTAN.
Dans le même temps la propagande russe fonctionne à plein régime, montrant des images d’émeutes, de violences inter-ethniques, et de pillages. La population russe est en effet très proche des ukrainiens russophones. Après les guerres menées par Moscou en Abkhazie et en Ossétie du sud, deux provinces là encore russophones, certains n’hésitent pas à redouter publiquement une action similaire en Crimée. Cependant les forces armées ukrainiennes, et notamment l’aviation militaire, sont puissantes et bien entraînées. Un dernier facteur que Poutine ne doit surtout pas sous-estimer.
Alors des voix s’élèvent en Europe pour demander ce que font l’ONU, l’Union Européenne, et dans une moindre mesure l’OTAN face à cette menace grandissante. Pour l’instant chacun semble un peu dans l’expectative. Les chefs d’état américains, britanniques, et français disent s’entretenir fréquemment avec Poutine de la situation. La chef de la diplomatie européenne s’est rendue en début de semaine à Kiev, et les bases de l’OTAN ne semblent pas avoir été mises en alertes. Enfin sur ce dernier point sachons raison garder, l’organisation a toujours su faire preuve de sa réactivité face aux velléités expansionnistes de Moscou. C’est même sa raison d’être.
Quoi qu’il en soit la solution à trouver semble bien difficile à mettre en œuvre, d’autant que les Ukrainiens russophones sont favorables à une intervention armée de Moscou, et que les Ukrainiens de Kiev n’entendent pas perdre la Crimée. Reste à savoir comment le duo Poutine/Medvedev réagira. Entre la voie de la guerre et celle de la diplomatie, laquelle choisira t’il ? Affaire à suivre.
Photos (c) UK Ministry of Defence & Associated Press.
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