[Défense] Le Président est il en sécurité à bord de Cotam Unité ?

Toutes et tous avons vu le film américain Air Force One, je pense. Pour celles et ceux qui l’auraient raté, voici le pitch, il est simple : le Président des États-Unis est pris en otage à bord de son Boeing VC-25 personnel par une bande de méchants terroristes kazakhs aux mines patibulaires. Le rôle principal est tenu par Harrison Ford tandis que le chef des méchant, le méchant du film, est incarné par l’acteur britannique Gary Oldman. Donc une distribution pas mal finalement, si on y ajoute Glenn Close, Jürgen Prochnow, et Dean Stockwell, on peut dire que le casting est réussi. Certes le film est une série B, une fiction, et un tel évènement ne pourrait pas avoir lieu dans la réalité. En tout cas c’est ce que doivent se dire l’US Air Force et l’ US Secret Service.

Sans aller aussi loin, la mésaventure arrivée cette semaine à l’Airbus A340 officiel de la Lufwaffe laisse cependant quelques doutes. En effet l’avion était stationné sur un parking dit sécurisé de l’aéroport international allemand de Cologne. Vide, la chancelière Merkel, ses gardes du corps, et son cabinet en étaient absents. Même l’équipage n’était pas à bord. L’avion était néanmoins sous la protection des services officiels allemands et de la sécurité aéroportuaire. Pourtant un individu a réussi à y pénétrer, et à s’installer aux commandes, dans le cockpit. Bien entendu il n’a pas volé l’avion officiel. Il a simplement pris la radio pour lancer un message d’alerte, le fameux « Mayday ». Rapidement maîtrisé par les policiers d’élite allemands, prévenus par la tour de contrôle, l’homme serait en fait légèrement déséquilibré. Pas forcément méchant ou dangereux, mais un poil « dérangé ». Il a été hospitalisé dans une unité psychiatrique. Inutile de dire que dans un pays comme l’Allemagne l’affaire à fait grand bruit, la Luftwaffe n’étant pas toujours très bien considérée par une population encore très opposée dans sa majorité aux militaires. Certaines plaies sont difficiles à refermer.

L'Airbus A340 officiel utilisé par la chancelière allemande.
L’Airbus A340 officiel utilisé par la chancelière allemande.

 

Alors ce que la presse d’outre-Rhin pointe du doigt c’est le cas où l’individu se serait révélé être un terroriste, et notamment un kamikaze ceinturé d’explosifs. Caché dans l’avion, il n’aurait eu aucun mal à soit le détruire sans personne dedans, l’impact médiatique aurait tout de même été fort, soit pis le faire exploser en plein vol, avec Angela Merkel et toute son équipe à son bord. La chancelière de la première puissance économique européenne tuée dans un attentat à bord de l’avion considéré comme le plus sûr du pays, cela aurait fait tâche politiquement. Sans compter le drame humain bien entendu, vu que dans ce genre de situation les chances de survie sont quasi nulles.

Alors je me pose la question de savoir si un tel souci est possible à bord de l’Airbus A330 de la République Française ? Cotam Unité, l’indicatif de l’avion quand le Président de la République est à bord, est il sans cesse gardé de près ? Je sais de source sûre que les policiers du GSPR (le Groupe de Sécurité de la Présidence de la République) ne laissent rien passer, que les fusiliers-commandos de l’Armée de l’Air protègent le biréacteur aussi bien que s’il s’agissait d’un Mirage 2000N armé d’un missile ASMP, et que dans les airs toute une chaîne de commandement et d’aéronefs de combat ne le quittent jamais du regard. Mais force est de constater qu’après l’épisode de Cologne on peut se poser des questions. François Hollande n’est pas Angela Merkel, mais les deux personnes sont tout aussi sensibles en matière de sécurité. La France avec son engagement contre Al-Qaïda au Mali et au Nigeria s’est fait des ennemis déterminés, pour qui le terrorisme est souvent l’arme favorite, et notamment celui de masse ou d’impression.

Alors oui les avions de transport de hautes personnalités sont bel et bien des appareils militaires, dans tout les sens du terme, et ce malgré qu’ils sont souvent perçus de l’extérieur comme des palaces volants. Et oui ils sont donc des cibles potentielles pour les ennemis des pays qu’ils représentent. Leur sécurité doit alors être une attention de chaque instant. En ce qui me concerne je continuerai néanmoins à faire une confiance aveugle à nos services de sécurité, même si le doute peut subsister dans la tête de certaines personnes.

Photos (c) Wikimédia Commons.


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Arnaud
Passionné d'aviation tant civile que militaire depuis ma plus tendre enfance, j'essaye sans arrêt de me confronter à de nouveaux défis afin d'accroitre mes connaissances dans ce domaine. Grand amateur de coups de gueules, de bonnes bouffes, et de soirées entre amis.
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Commentaires

4 Responses

  1. Bonne question !
    Pour sûr qu’il y a peu de chances que l’on voie un jour une prise d’otages dans un zinc présidentiel, où à la rigueur dans un pays du tiers-monde!
    Peu de chances aussi de voir réussir une attaque sur l’avion, que ce soit sol-sol, sol-air ou encore air-air (bizarrement l’image du Jetman de la Breitling jet team me vient en tête… mais bon vu la signature IR du machin j’y crois pas trop^^)…
    En revanche, un sabotage…
    Qu’en est-il des procédures de sécurité concernant les mécanos et, plus généralement, de toutes les équipes de « rampants » oeuvrant autour de l’appareil (ou de la piste) ? L’infiltration était plus à la mode du temps de la guerre froide, mais certains cas récents ont montré que même des fanatiques peuvent arriver à pénétrer dans les cercles les plus fermés (le CERN, par exemple) !

    1. Concernant les personnels qui interviennent sur l’avion ce ne sont que des militaires, les services de la DCRI et de la DRM sont donc à mon avis très très bien renseigner sur eux. Peu de risque qu’un activiste ou un terroriste puisse se glisser parmi eux sans être repérer. Et tout comme pour la Patrouille de France, on ne rejoint pas l’équipe de mécanos de tels avions en entrée de carrière. Après un fou qui tenterait de pénétrer en France deviendrait très vite une cible de choix pour les THP des commandos de l’air.

  2. Est ce que l’avion présidentiel possède des équipements de défenses en vol type contre mesure ou autres comme « Air Force one » ?

    1. Des systèmes passifs, il semblerait que oui. Des systèmes plus actifs types « flares » on n’en sait rien ce genre d’infos est très difficilement vérifiable, tant l’avion est protégé par des questions de confidentialités largement compréhensibles. Ce que je sais de source sûre c’est que les deux A319CJ achetés durant le premier mandat de Jacques Chirac (1995-2002) et revendus sous l’ère Nicolas Sarkozy (2007-2012) ne disposaient pas de tels équipements. Maintenant l’A330 en a t’il, ça reste à apprendre.

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