Dragons 75, les anges gardiens de Paris

Paris, la ville lumière, est également celle de tout les superlatifs. Adorée ou haïe, elle ne laisse jamais personne de marbre. Avec son musée du Louvre, sa Tour Eiffel, sa cathédrale Notre Dame, mais aussi ses plus de trois cents stations de métro et de RER, ses voies routières expresses comme le périphérique, et bien sûr ses évènements culturels et populaires comme le défilé du 14 juillet, la fête de la musique, ou encore la nuit blanche la capitale française est sans cesse en mouvement, en ébullition, elle grouille de vie, et donc aussi de dangers. Pour la surveiller et la protéger la Préfecture de Police dispose de plusieurs services très particuliers, parmi lesquels la base hélicoptères d’Issy-les-Moulineaux en proche banlieue, et ses EC145 jaunes et rouges, les fameux Dragons 75. Focus sur ces hélicoptères pas comme les autres, aux missions parfois méconnus.

Pour tous et chacun, les hélicoptères de la Sécurité Civile sont ceux qui sauvent des vies en montagne l’hiver et sur nos plages l’été. Mais alors pourquoi Paris aurait besoin de deux de ces biturbines franco-allemands ? Tout simplement parce que Paris sera toujours Paris, et que la Préfecture de Police ne fait jamais rien comme les autres services de l’Etat. F-ZBPO et F-ZBPX sont sur la brèche.

Dragon 75 F-ZBPO au décollage à Issy-les-Moulineaux.
Dragon 75 F-ZBPO au décollage à Issy-les-Moulineaux.

Alors bien entendu, il faut porter secours aux personnes en difficultés, évacuer les blessés, les malades, les grands brûlés, vers les hôpitaux intra-muros et en banlieue. Pour ça, l’EC145 est la machine idéale. Fiable, rapide, relativement stable, et silencieuse. En renfort des machines des SAMU75, 92, 93, et 94 les Dragon transportent et sauvent. Souvent un médecin de la BSPP, la prestigieuse Brigade des Sapeurs Pompiers de Paris, monte à bord. La BSPP et les Dragons 75, une vieille histoire d’amour et de fidélité, qui remonte aux Alouette III rouges.

Car les pompiers de Paris ont une unité qui voit en les Dragon 75 une sorte de taxi aérien, un camion rouge où les roues auraient été remplacées par un rotor, et qui aurait abandonné gyrophare et sirène deux tons. Cette unité c’est le GRIMP, le Groupe de Recherche et d’Intervention en Milieu Périlleux, une sorte de commandos de grimpeurs et de funambules capables de brancarder un blessé par la fenêtre ou d’aller se faire treuiller par l’EC145 sur le toit du CNIT de la Défense ou au milieu de la Seine. Des espèces de gars un peu azimutés, mais ô combien toujours pros et jamais dans le risque inconsidéré. Et à leurs côtés presque invariablement, le Dragon veille. Les plongeurs sapeurs-pompiers connaissent eux aussi fort bien la carlingue de ces hélicos, que ce soit au coeur de Paris, au-dessus du port de Gennevilliers, ou encore au confluent Seine-Marne ils sont sans cesse près à sauter dans les eaux froides du fleuve nourricier. Froide et vraiment très dangereuses.

Dragon 75 F-ZBPX en vol.
Dragon 75 F-ZBPX en vol.

Mais l’une des particularités de nos Dragons 75 est d’appuyer également la Police Nationale dans ses missions quotidiennes. En effet, on oublie trop souvent que la Sécurité Civile dépend organiquement du ministère de l’intérieur, et doit donc servir au profit de toutes ses composantes. Alors, lorsque des métallos, des infirmières, des étudiants, ou encore des opposants à telle ou telle loi manifestent ils sont, généralement sans en avoir la moindre idée, survolés par un de ces hélicoptères, équipé pour l’occasion d’une boule FLIR et chargé autant du comptage des manifestants (le fameux chiffre de la police) que de la surveillance du bon ordre publique, voire du commandement aéroporté d’un éventuel rétablissement de l’ordre.

Les missions auprès des hommes en bleus ne se limitent pas à ça. Plus discrètement, plus confidentiellement les Dragons 75 embarquent également les supers flics du RAID et de la BRI lors de missions très particulières, liées à la position politique de Paris, siège du pouvoir central. En effet, lorsque le Président de la République traverse la capitale au milieu de son escorte de grosses berlines, il est survolé en permanence par un Dragon transportant un ou plusieurs tireurs d’élites. S’y ajoutent également des missions de surveillance et de soutien lors de certaines visites d’état, comme très récemment avec le Vice Président américain Joe Biden, la sécurisation de procès à hauts risques à l’île de la Cité, ou encore les prises d’otage et alertes terroristes. Dans ces cas là la livrée voyante jaune et rouge des EC145 devient fort discrète, surtout dans le ciel grisâtre parisien.

Survol périlleux au plus près de la tour Eiffel.
Survol périlleux au plus près de la tour Eiffel.

Alors oui, les Dragons 75 appartiennent aux Parisiens, comme les pompiers de Paris, comme les manifs, comme la mauvaise humeur généralisée, mais surtout les Dragons 75 sont avant tout des acteurs incontournables de la vie parisienne, et ce même bien après le mort d’Offenbach. Je dédie ces quelques lignes à ces hommes et ces femmes qui chaque jour risquent leurs vies pour protéger ce joyau qu’est Paris, dont Victor Hugo disait qu’elle est propriété de toute l’humanité. Sacré boulot que de protéger une telle ville.

Photos (c) Brigade de Sapeurs Pompiers de Paris & Sécurité Civile.


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Arnaud
Passionné d'aviation tant civile que militaire depuis ma plus tendre enfance, j'essaye sans arrêt de me confronter à de nouveaux défis afin d'accroitre mes connaissances dans ce domaine. Grand amateur de coups de gueules, de bonnes bouffes, et de soirées entre amis.
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Commentaires

2 Responses

  1. Machine idéale ? je veux bien n’empêche qu’il a eu des accidents occasionnant la mort d’une dizaine de personnes et autant de blessés est-il si fiable que ça ? manque t’-il de puissance à haute altitude en montagne notamment ?

  2. Dans le cadre des Dragons75 son manque de puissance en altitude n’est pas un souci, la montagne Saint-Geneviève et Montmartre ne sont pas si hautes que ça. Plus sérieusement les accidents sont récurrents sur tout les types d’hélicoptères, la Gazelle en a connu un nombre incalculable dans les années 70, et notamment sous les couleurs de la RAF et de la Fleet Air Arm. Le Bell 206, qui fut longtemps l’hélicoptère léger occidental le plus vendu a également connu des déboires dues à son rotor anticouple. L’EC145 ne fait pas exception mais il est aujourd’hui considéré comme la meilleure machine de SAR et d’évasan dans le monde entier. Même l’US Army l’a acheté.

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