Depuis plusieurs semaines la France, par la voix de François Hollande, demandait à l’ONU une résolution autorisant le recours à la force au nord Mali pour rétablir l’état de droit dans cette région passée sous le contrôle des terroristes d’Al-Qaïda au Maghreb Islamique (AQMI pour les intimes) et donc soumis à des lois injustes et intolérables comme la shariah. C’est depuis ce 21 juin 2012 au matin chose faite. En effet le Conseil de Sécurité vient de donner son feu vert à une opération internationale menée sous son égide.Premier résultat notable, Barack Obama vient de décider de suspendre l’aide économique américaine dans cette région du Mali.
Reste qu’une intervention militaire dans la région, même limitée aux seuls Africains, engageraient forcément des frappes aériennes, et là peu de pays peuvent vraiment se prévaloir d’une telle capacité. Pour l’Algérie voisine, pas question d’une intervention militaire sur un pays voisin, ses autorités l’ont rappelées récemment au président français. Faisons donc le tour de ses voisins immédiats : la Mauritanie ne possède quasiment pas d’élément aérien, tout comme le Burkina-Faso et le Niger, la Côte d’Ivoire n’est pas forcément la plus à même pour une intervention de rétablissement de la paix, d’autant qu’une partie de son opposition islamiste est fortement favorable à AQMI. Reste la Guinée et le Sénégal qui semble les plus à même d’apporter un semblant de soutien aérien à cette force africano-internationale.
La première n’aligne comme arme aérienne qu’une poignée d’hélicoptères Mi-24, Ecureuil, et Gazelle équipés de mitrailleuses et paniers à roquettes. La seconde n’est guère mieux, avec là encore des Hind mais aussi un Bell 206 et deux Mi-17. Le souci avec ces deux pays c’est de savoir l’état de vol réel de ces machines et l’état de fonctionnement avéré de leurs armes. Surtout aucun ne met en oeuvre ne serait-ce qu’un ersatz d’avion de chasse. Hors si les hélicoptères peuvent apporter un appui non négligeable aux fantassins ils ne remplaceront jamais la puissance de feu et l’effet psychologique d’un jet de combat.
En regardant plus loin sur le continent on ne peut que tomber nez à nez avec la première puissance militaire régionale, l’Afrique du Sud et son efficace South African Air Force. Forte d’une vingtaine de Gripen, les seuls véritables chasseurs multirôles en Afrique, elle dispose en outre de ses hélicoptères de combat indigènes Rooivalk, des machines assez similaires à leurs homologues occidentaux, quoique plus rustiques et donc adaptés aux rudes conditions africaines. Mais surtout les sud-Africains disposent de moyens de reconnaissance sous la forme de Cessna 208 et de drones. Car c’est bien là que le bas blesse dans la région, c’est le renseignement aérien, l’observation et le recueil d’informations. Pour le reste le Nigeria ou encore le Kenya, qui pourraient avoir les ressources semblent peu enclins à déployer leurs troupes au Mali.
Il ne reste donc que les Occidentaux, et en premier lieu la France pour pouvoir apporter une aide aérienne substantielle à cette opération internationale. Certes les Rafale et Mirage 2000 représenteraient des arguments de poids, tout comme des Tigre qui ont largement démontré leur polyvalence en Afghanistan. Mais surtout la France apporterait un gage en matière de reconnaissance, que ce soit avec ses drones autant qu’avec ses derniers Mirage F1CR, des machines bien adaptées au climat malien. Les forces de projection seraient également mises à contribution, avec principalement des Transall qui ont si souvent voler dans cette région qu’ils en sont quasiment devenus des avions de brousses. De gros avions de brousse.
Le véritable problème pour la France c’est l’éloignement du théâtre d’opération des principales bases de l’Armée de l’Air. Seules les BA-126 et BA-160, respectivement sises à Solenzara (Corse) et à Dakar (Sénégal) pourraient être mise à disposition. Mais si Solenzara a largement démontré ses capacités lors d’Harmattan et de ses frappes contre la Libye de Khadafi, il sera ici question du survol du territoire algérien par les avions de l’Armée de l’Air. Et si cet acte peut sembler anodin pour certains il ne peut que susciter un émoi particulier dans une population algérienne encore très marquée par la guerre d’indépendance, qui l’opposa justement à la France et à ses armées. En effet depuis 1962 aucun avion d’arme français n’a survolé ce pays dans le cadre d’une opération de guerre. Quand à l’usage des bases aériennes algériennes par nos aviateurs c’est juste inenvisageable, malgré le réchauffement des relations entre Alger et Paris. Dakar devient donc de-facto la seule véritable base opérationnelle pour recevoir les appareils de combat. A moins bien sûr que la France ne déploie dans la région un Charles de Gaulle qui représenterait à lui tout seul un argument diplomatique, politique, et militaire de poids. Car si le nord-Mali n’a aucun débouché maritime, il n’en reste pas moins, à l’instar de l’Afghanistan, extrêmement proche des armes de la chasse embarquée.
Reste une épine XXL dans la botte de l’Elysée et du ministère de la défense, le cas des otages français détenus par les troupes d’AQMI depuis maintenant plusieurs mois. Ceux ci représentent des boucliers humains de choix pour des terroristes ultra-fanatisés qui n’hésiteraient pas à avoir recours à des exécutions sommaires si la France s’engageait à libérer militairement le nord-Mali. Gageons que depuis le temps que le Quai d’Orsay, que ce soit sous l’ancienne présidence autant que sous l’actuelle, est en charge du dossier, nos responsables politiques savent plus ou moins où se trouvent nos ressortissants. Sauf que la région où AQMI est active est trois à quatre fois plus grande que la France métropolitaine, tandis qu’elle contrôle un territoire moins vaste mais tout de même encore trop étendu (voire ci-dessous), et principalement composée de sable. Le Sahara c’est grand. Une intervention militaire au Nord-Mali n’est donc envisageable que parallèlement à une libération de nos otages, que ce soit diplomatiquement (c’est à dire en versant de l’argent) ou bien par les armes des forces spéciales.
Quoi qu’il en soit le retour de la démocratie dans cette région très sensible de l’Afrique semble plus que jamais assujettie à la taille des armes et à la détermination des dirigeants du monde, face à des fanatiques qui semblent ne rien craindre. Et là le rugissement des réacteurs de nos Rafale pourraient bien mettre tout le monde d’accord. Si vis pacem, para bellum.
Photos & illustrations (c) AFP, RTBF, et Arnaud Lambert.
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6 Responses
Dans tous les cas cela va chauffer dans la région, comme-ci le climat local ne suffisait pas, ce qui ce passe là bas est au delà de la raison, ce sont des fanatiques. La gestion des otages va être un gros problème par ce que nous sommes (les pays occidentaux) très sensibles, les Russes, eux, n’ont pas ce genre de problème par ce qu’ils s’en foutent du sort d’éventuels otages, ils n’ont donc jamais d’otages où que ce soit dans le monde, il y a là, une source d’inspiration non ? (même si cela peux paraître atroce pour les familles des pauvres otages détenus par ces malades) Le bien être de toute une région, contre quelques otages ?? C’est la guerre impitoyable et sanglante, on ne mégocie pas avec les terroristes, c’est faire preuve de faiblesse et leur donner de l’importance, et ils l’on bien compris que nous sommes faibles.
ca nous concerne pas, ils on voulu l’indépandance ils l’on. ils se debrouille avec leur islamistes.
C’est pas si simple, si on les laisse se débrouiller, on se retrouvera avec un flux migratoire incontrôlable (déjà qu’il ne l’est pas beaucoup), il faut juste intervenir avec un mandat clair de l’ONU (du « machin » comme disait un certain general) pour ne pas passer pour de gros colonialistes. Bon courage à eux en tous les cas.
A kolwesi le 2ème REP à fait carton plein face aux gendarmes katangais et autres milice Tigre, avec la libération de centaines d’otages et sans le soutien de l’aviation et là on dirait que « c’est faire preuve de faiblesse » (comme le dit Tonton) d’une bande de pillards mais il est vrai que le contexte est autre et pourtant semble t-il bien moins difficile qu’à Kolwézie.
Ils veulent du rapport de force, j’espère qu’on va leur en mettre plein la gueule, il y en a marre de se laisser dicter notre conduite par ces malades du bulbe. Moi, je suis pour un action sanglante avec ces gens là, pas de discution possible.