Surtout ne pas rompre le fil. Véritable vitrine du savoir-faire européen en matière de conquête de l’espace le Centre Spatiale Guyanais (CSG pour les intimes) installé à Kourou est devenu au fur et à mesure que le temps passe le principal pas de tir pour fusées dans le monde. Car outre Ariane V ce sont maintenant les Russes qui font partir de ce département français leurs lanceurs spatiaux. Autant dire qu’on ne plaisante pas avec la sécurité du site, notamment lors des phases de lancement. Toutes ces procédures sont connues sous le nom d’opération Titan. Ariane V au décollage c’est 750 tonnes, dont une très grosse partie de carburant, répartie dans une structure de 52 mètres maxi de haut sur plus ou moins cinq mètres et demi de diamètre. Et le tout est propulsé par le fameux moteur Vulcain. Ca fait beaucoup de bruit, beaucoup de lumière, et ça coûte horriblement cher à faire décoller.
Au premier plan des forces engagées dans Titan figure l’Armée de l’Air avec comme principal intervenant l’Escadron d’Hélicoptère d’Outre-Mer 68 Guyane avec ses quatre SA-330 Puma et trois AS-555 Fennec. Ces derniers étant principalement engagés comme hélicoptères de reconnaissance, de surveillance, et le cas échéant d’intervention armée avec tireurs d’élite voire carrément le canon M621 de 20mm. On ne plaisante décidément pas avec la sécurité des fusées. Les Puma du Guyane sont quand à eux fréquemment mis au service de la principale unité terrestre mis à disposition de Titan, le 3ème Régiment Etranger d’Infanterie.
Ces légionnaires, basés en permanence en Guyane Françaises, sont parmi les troupes les plus aguerries au monde au travail en forêt équatoriale, et de ce fait sont pleinement opérationnel autour et à l’intérieur du périmètre du CSG. Les légionnaires du 3ème REI sont généralement équipés de moyens spéciaux tels des VHM (Véhicules Haute Mobilité) mais aussi des postes de tir SATCP (Sol-Air Très Court Portée) Mistral destinés à la défense rapprochée contre les menaces aériennes. En outre comme la majorité des unités de l’Armée de Terre ces légionnaires engagent leurs P4, diverses versions du VAB, ainsi que des pièces d’artillerie légère. Le 3ème REI est appuyé depuis l’an dernier par une compagnie de combat du 9ème Régiment d’Infanterie de Marine. Ces marsouins ont comme fonction première la patrouille autour du périmètre extérieur, en lien direct avec les légionnaires et les forces de l’ordre.
Car c’est là encore un échelon important dans la sécurité du pas de tir, la Gendarmerie Nationale. Outre la mise à disposition d’un hélicoptère AS-350B Ecureuil pour des missions de surveillance et liaisons, l’institution met à disposition, par roulement, des unités mobiles venues de Métropole. Ces gendarmes, rompus au maintien de l’ordre mais aussi à la lutte contre la criminalité, sont engagés pour appuyés les personnels de l’Armée de Terre, et notamment pour s’interposer en cas de manifestation hostile sur les axes de circulation menant au CSG ou à proximité de celui ci. Ils peuvent le cas échéant être appuyés par leurs collègues de la gendarmerie départementale locale, voire par la Police Nationale.
Plus surprenant quand on sait que le pas de tir de Kourou se trouve à plusieurs kilomètres de l’océan, la Marine Nationale envoie sur place généralement un avion de surveillance maritime Falcon 50M, voire un patrouilleur maritime Atlantique. Celui ci devient alors les yeux de Titan, notamment pour surveiller et éventuellement photographier toute infraction autours du CSG. Au large les navires de patrouille l’Audacieuse et la Capricieuse, généralement secondés par une vedette de gendarmerie ou par la frégate Ventôse font respecter une zone de sécurité au-dessus de laquelle passera Ariane V. Dans ce dernier cas l’hélicoptère Panther de la frégate est généralement mis à disposition pour d’éventuelles missions de service publique depuis Cayenne.
Il n’est pas rare que l’Armée de l’Air déploie également, de manière ponctuelle, à la demande de l’autorité politique, divers moyens lourds afin de soutenir Titan. Ainsi un E-3F SDA est généralement détaché, soutenant ainsi des chasseurs Mirage 2000C et un C-135FR. Ce genre d’avions est envoyé sur place lorsque Ariane V emporte dans l’espace du matériel particulièrement sensible, notamment à vocation de défense. Ces aéronefs sont alors installés sur la Base Aérienne 367 de Cayenne.
Enfin, l’unité certainement la plus surprenante sur place est la 39ème compagnie de la Brigade des Sapeurs Pompiers de Paris, experte de la sécurité et de la prévention de l’incendie sur le site du CSG. Ces sapeurs-pompiers, tous volontaires, disposent de matériels et de véhicules extrêmement spécialisés, et que l’on ne rencontre pas ailleurs, et surtout pas dans les rues de la capitale ou de sa proche banlieue. Les personnels de la BSPP de Kourou assurent également les missions de premier secours et de secours routier sur l’ensemble du site. Ils peuvent en outre venir seconder leurs collègues guyanais en dehors des périodes de lancement spatial. Le Centre de Déminage de Guyane, appartenant à la Sécurité Civile travaille généralement main dans la main avec les sapeurs pompiers parisiens locaux.
Photos (c) Ministère de la Défense
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