Avec sa large gamme d’appareils logistiques, allant du transport tactique léger au transport lourd stratégique en passant bien sûr par le ravitaillement en vol, le constructeur européen Airbus Military dispose désormais d’une véritable assise industrielle et technologique pour proposer de nouveau débouchés à ses avions. Après s’être lancé dans l’aventure de la patrouille maritime l’avionneur européen semble désormais se tourner vers un marché tout aussi porteur, celui des opérations spéciales.
A priori on pourrait le penser nettement plus confidentiel, les pays ayant de réelles capacités d’infiltrations et d’exfiltrations des forces spéciales loin derrières les lignes ennemies pouvant se compter sur au maximum les doigts des deux mains. Pour les autres pays des hélicoptères comme le Sikorsky S-70, le Mil Mi-171, ou encore l’Eurocopter EC725 Cougar pourraient tout à fait remplir ces missions à moindre coût. Cependant si cette part du marché de soutien aux opérations spéciales semble importante, celles vers lesquelles Airbus Military se tourne sont assez différentes. En effet il s’agirait notamment plutôt du ravitaillement en vol des hélicoptères de combat et de transport, un peu à la manière des Lockheed HC-130N Combat King de l’US Air Force, mais en plus petit. Car c’est bien à partir de sa famille de biturbopropulseurs CN235 & C-295 que ces chantiers seront établis. A terme EADS, maison mère d’Airbus Military et d’Eurocopter, espère certainement pouvoir ravitailler ses EC725 à partir d’un C-295.
Mais ce n’est là que la partie émergée de l’iceberg, car l’autre pendant de ce nouveau virage vers les opérations spéciales est beaucoup plus impressionnant, puisqu’il ne s’agit ni plus ni moins que de l’appui aérien rapproché des troupes terrestres, qui sur des avions conçus ab-initio comme des moyens de transport prend forcément la forme de canonnières volantes, un peu à la manière des fameux gunships américains. En fait Airbus Military ne fait que répondre à un besoin grandissant en la matière, notamment depuis les engagements internationaux en Afghanistan, en Irak, ou plus récemment en Libye où le gros du travail des avions de combat engagés était de soutenir les fantassins. A la recrudescence du danger de piraterie maritime, et donc de kidnapping avec demande de rançon ce genre d’aéronef pourrait peser lourds dans la balance des pays qui le détiendront. On se souvient notamment de la prise d’otage du voilier français le Ponant où des commandos de marine avaient interpellés dans le désert les marins somaliens supposés responsables de cette attaque. L’opération s’était déroulé avec des hélicoptères relativement inadaptés comme l’Alouette III ou le Dauphin sans pratiquement de couverture aérienne. Avec un avion comme celui ci les choses se seraient probablement passés autrement.
Alors quelles formes vont prendre ces CN235 et C-295 « gunships » ??? Nul ne le sait encore vraiment, si ce n’est qu’ils seront plus proches des actuels AC-130H Spectre que des vieux AC-47 Spooky car certainement bardés d’électronique et d’optronique. Contre-mesures électroniques, éjecteurs de paillettes thermiques, FLIR, voire même radar à ouverture synthétique seront certainement de la partie, mais également des améliorations structurelles comme des ailettes de bouts d’ailes type winglets. Sur ce chantier Airbus Military travaille avec la société américaine Alliant Techsystems, mieux connue sous le nom d’ATK qui récemment a modifié pour le compte des Jordaniens deux CN235 acquis de seconde main auprès de l’Ejercito del Aires en canonnière volante. Cette modification pourra servir de base aux nouveaux avions, pas de prototype. Car les gunships devront être usinés dès le départ comme tel, et non transformés après coup. Là encore l’expérience américaine joue en la faveur des Européens.
Et chez Airbus Military on commence à croire à une véritable gamme à même de rivaliser tant avec Boeing que Lockheed-Martin. Mais surtout capable de rééquilibrer la balance entre Américains et Européens, car si l’avionneur vise les marchés export asiatiques, moyen-orientaux, et sud-américains il faut bien remarquer que des fournitures à destination de l’Armée de l’Air, de la Royal Air Force, ou de l’Ejercito del Aires représenteraient de jolies vitrines commerciales. Et dans l’avenir pourquoi pas un A400M armé d’obusiers en sabord… ou capable de transporter des commandos très loin derrière les lignes ennemies.
Illustration (c) Airbus Military
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4 Responses
J’ai hâte de voir ça pour de vrai, les images qui me reste des premiers gunship pendant la guerre du Viêt-Nam m’avais profondement marqué. Le feu du dragon, c’est un sacré atout pour la force qui la commande.
Vu notre niveau technologique, c’est tout à fait faisable. Et c’est le genre de truc qu’on pourrait vendre au Brésil, à l’Inde …
Les ventes de ce genre d’avions sont encore hypothétiques tant que son premier vol n’a pas eu lieu, mais en effet des futures super puissances comme l’Inde, le Brésil, le Pakistan, ou encore l’Afrique du Sud pourraient vouloir se payer ce genre de coucous, sans compter les dictatures en tous genres, coutumières d’acheter leur matos auprès de l’Europe
😉
Les marges de manoeuvres d’un tel engin doivent être très très réduite, et donc un prix peut être trop élevé pour nous, je ne sais pas combien coûte un AC-130 SPECTRE, la cellule est rentabilisé depuis longtemps, mais l’électronique et les capteurs à bord doivent coûter un bras ❓ sans compter le nombre de servant à bord.