En 1945, l’aéronavale britannique qui ne disposait que de chasseurs à moteur à pistons chercha rapidement à doter les porte-avions d’avions de combat à réaction de construction nationale. Des travaux débutés pour un appareil initialement conçu pour la RAF débouchèrent finalement sur le premier chasseur à réaction à entrer en service dans la Fleet Air Arm : le Supermarine Attacker.
En juin 1944, l’Air Ministry émit la Specification 10/44 relative à la production pour le compte de la Royal Air Force d’un avion de combat à réaction de nouvelle génération censé remplacer les premiers Gloster Meteor Mk-I. Gloster, Fairey, et Supermarine proposèrent alors les premières ébauches d’une nouvelle machine de combat. Toutefois le programme fut rapidement abandonné par la RAF qui préféra passer commande de nouvelles versions du De Havilland Vampire. Les chances de produire un avion relatif à la Specification 10/44 semblaient bien nulles jusqu’en janvier 1945 où l’Air Ministry lança une nouvelle Specification, la 1/45 relative à un chasseur naval à réaction censé remplacer en première ligne les Fairey Firefly et Supermarine Seafire dans les missions d’interception et de défense aérienne.
Rapidement, l’avion du Supermarine fut déclaré vainqueur. Il reprenait certaines pièces du Seafang, un chasseur naval à moteur à pistons disposant d’une hélice contrarotative dérivé du Supermarine Spitful qui fut rejeté par la Royal Navy. Les équipes de Supermarine lui avaient attribué la désignation de Model-392 et était surnommé Jet-Spitful. Le Model-392 se présentait sous la forme d’un monoplan à aile basse cantilever propulsé par un turboréacteur Rolls & Royce Nene. L’aile, similaire à celle de son prédécesseur, avait été redessinée de manière à permettre les opérations sur porte-avions. L’avion disposait en outre d’un empennage à plan horizontaux en V et de deux entrée d’air semi-circulaire. Son armement interne se composait de quatre canons Hispano Mk-V d’un calibre de 20mm dans les ailes ainsi que d’une bombe de 454kg sous chaque aile. Le prototype effectua son premier vol le 27 juillet 1946.
L’avion fut commandé par la Fleet Air Arm sous le nom d’Attacker F Mk-1 pour des missions de chasse avec un capacité secondaire d’attaque au sol. Toutefois pour des raisons de politique budgétaire au sein même du constructeur, les livraisons prirent un certain retard, si bien que les premiers Attacker n’entrèrent en service qu’en janvier 1950. A cette époque Supermarine travaillait déjà sur l’usinage et l’élaboration de deux autres versions : l’Attacker FB Mk-1 et FB-2, véritables chasseurs-bombardiers, capables d’emporter des roquettes air-sol HVAR de 27kg et disposant d’un gros radar placé sous l’intrados de fuselage. Cet équipement amena une petite diminution du rayon d’action par rapport à l’Attacker F Mk-1.
Les Attacker ne restèrent pas longtemps en service dans la Royal Navy, puisqu’il furent retirés du service en première ligne en 1954 et furent attribués aux unités de réserve jusqu’en décembre 1957. Dans la Fleet Air Arm les Attacker ne prirent part à aucune opération de combat, l’état-major britannique refusant d’envoyer les pilotes réservistes de son aéronavale à Suez. Les Attacker furent remplacés par le Hawker Sea Hawk.
Toutefois la Royal Navy ne fut pas la seule aviation utilisatrice de cette machine. En effet la Pakistan Air Force passa commande en 1952 de 36 Attacker F Mk-2, en fait des FB Mk-1 qui avait été « dénavalisés » par le retrait de leur crosse d’appontage. Les Supermarine Attacker pakistanais prirent quant à eux part à divers conflits locaux contre l’Inde. Les Attacker furent toutefois peu employés lors des accrochages avec l’aviation indienne, ceux ci ayant souvent lieu à très haute altitude, au-dessus des régions montagneuses de l’Himalaya. Au cours des années d’utilisation de ces machines au Pakistan, six furent perdus en opérations, dont trois du fait de la chasse indienne. Les Supermarine Attacker pakistanais furent quant à eux retiré du service en juillet 1960, et furent remplacés par des Lockheed F-104 Starfighter d’origine américaine.
Le Supermarine Attacker donna naissance au Model-510, un prototype à aile en flèche resté sans suite, mais qui préfigurait le Supermarine Swift de la Royal Air Force. Au total l’avion fut construit à hauteur de 183 exemplaires, prototypes compris.
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