En 1965, l’URSS se lança dans le plus grand secret dans le développement d’un hélicoptère de transport hors norme à la fois pour les besoins de la compagnie aérienne Aeroflot mais également, et surtout, pour ceux de l’Armée Rouge. En effet à cette époque les militaires soviétiques commençaient à changer leur doctrine d’invasion de l’Europe occidentale. Il ne s’agissait plus uniquement de bombarder les territoires de l’OTAN avec des armes nucléaires de première frappe mais bel et bien d’envahir le terrain après des frappes conventionnelles. Les Soviétiques avaient donc besoins d’avions de transport tactique et d’hélicoptères lourds. Le premier programme déboucha sur la mise au point de l’Illyushin Il-76 Candid et le second sur un hélicoptère totalement novateur : le Mi-12, le plus gros hélicoptère jamais construit.
Celui ci se présentait sous la forme d’un appareil mû par quatre turbomoteurs entrainant deux rotors côte à côte différents. Mais à la différence des birotors classiques comme le CH-47 Chinook, le nouvel appareil disposait de deux rotors installés au bout d’ailes montées sur haubans. Les turbines étaient quant à elle installés deux par deux sous chaque rotor. Le reste de l’appareil était à l’image de l’appareil : démesuré. Avec un fuselage long de plus de 35 mètres et une surface de rotor balayée d’environ 1930m² tout dans cet appareil était gigantesque. L’appareil disposait d’un empennage monodérive directement dérivé de ceux équipant les avions de transport militaire. En outre il possédait un train d’atterrissage tricycle fixe. Le Mi-12 n’emportait aucun armement. Il effectua son premier vol le 10 juillet 1968.
L’appareil fut rapidement identifié par l’OTAN qui lui attribua la désignation d’Homer, instituant ainsi l’appareil comme un hélicoptère. Ce qui n’était pas gagné aux vues des formes générales de l’aéronef. En effet esthétiquement le Mi-12 tenait tout autant de l’avion de transport que de l’hélicoptère. Le premier prototype fut officiellement présenté au public international en 1971 lors du traditionnel Salon du Bourget. Il portait alors les couleurs d’Aeroflot. Toutefois la presse spécialisée s’en était fait l’écho depuis presque un an et demi.
En 1969, Mil fabriqua un second prototype qui portait lui aussi des codes civils mais une livrée militaire. En effet celui ci était alors censé servir de machine de validation pour les besoins des militaires. C’est cette même année, le 6 août, que le premier prototype réalisa un vol historique : un décollage avec une masse marchande de 44 tonnes à une altitude de 2255 mètres. Il s’agissait alors d’un record mondial. Inégalé depuis.
Malgré les remarquables qualités de l’aéronef, et la construction d’un troisième prototype, le programme fut annulé par l’URSS qui finalement décida de conserver ses appareils de transport lourds Mi-6 en attendant l’arrivée programmée d’une machine plus lourde. Actuellement les deux prototypes ayant volés sont préservés en Russie. Le premier au musée national de Monino dans la banlieue de Moscou et le second auprès de l’hélicoptériste Mil. Quant au troisième, celui qui était en cours d’assemblage lors de l’arrêt du programme il fut ferraillé.
Appareil totalement hors norme le Mil Mi-12 Homer est toujours la plus grosse voilure tournante. C’est également un concept intéressant toutefois demeuré sans suite : le double rotor côte à côte. En dehors de cette machine aucun autre hélicoptère n’a volé avec ce type de rotors. Le Mi-12 permet à l’actuelle Russie de posséder à la fois le plus gros hélicoptère mais aussi le plus gros avion au monde, l’An-225.
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