Attaquer et se défendre : les figures d’attaque et de défense

Ce contenu est une partie du dossier thématique : Les manoeuvres de combat aérien

Virage de dégagement

Le virage de dégagement est la plus élémentaire des manœuvres de combat ; il sert à gagner rapidement en écart AOT lorsque l’adversaire s’apprête à vous tirer. C’est une manœuvre à exécuter sous fort facteur de charge puisqu’elle recherche le taux de virage instantané maximum pour faire face à l’adversaire.

Enchaînez une autre manœuvre tout de suite après le virage de dégagement pour éviter de faire une cible parfaite, stable et à la trajectoire prévisible, qui n’attend plus que la mort. Une fois dans le virage de dégagement, vous partagez avec la cible le même plan d’évolution. En général, la manœuvre suivante doit vous sortir de ce plan et vous éloigner encore plus de la cible.

Yo-yo haut

Le yo-yo haut est à la base de toute manœuvre aérienne offensive et remplace les manœuvres intelligentes par des tactiques mettant en jeu un fort facteur de charge. Il permet de réduire l’écart AOT en contrepartie d’une augmentation de distance entre l’attaquant et la cible.

Le yo-yo est à utiliser en phase de virage lorsque vous avez acquis une position offensive dans les 6 heures de l’adversaire, mais que vous êtes contraint à une poursuite en angle de retard et que vous ne pouvez pas virer plus sec. Gauchissez légèrement, tout en conservant l’angle de retard, puis cabrez.

En général, une succession de petits yo-yos permettant de gagner progressivement sur l’écart AOT est plus efficace qu’un seul yo-yo trop ample. Une fois engagé dans un yo-yo de grande envergure, il vous est impossible de réagir à toute modification subite de trajectoire de l’adversaire. Il est préférable d’enchaîner les yoyos de faible amplitude en cabrant juste au-dessus de l’horizon pour réduire l’écart AOT et se rapprocher de la cible sans tirer des facteurs de charge élevés.

Yo-yo bas

Le yo-yo bas est l’inverse logique du yo-yo haut ; il remplit la fonction exactement inverse. Alors que le yo-yo haut réduit l’écart AOT et augmente la distance, le yo-yo bas amplifie l’AOT tout en réduisant la distance.

Il est à utiliser en général quand le tir est possible, mais que l’adversaire est hors de portée de vos armements. Pour vous rapprocher, piquez sous l’horizon, ce qui augmente votre vitesse. Malheureusement, l’augmentation de vitesse élargit pratiquement invariablement le rayon de virage, ce qui vous contraint à une poursuite en angle de retard et augmente l’écart AOT. Par conséquent, le yo-yo bas exige presque toujours d’être suivi par un yo-yo haut pour corriger le problème d’angle causé par l’augmentation de vitesse.

Le yo-yo bas est le plus souvent employé dans les engagements où l’adversaire bénéficie d’une vitesse supérieure, qu’il a rétabli son assiette pour refuser le combat, et qu’il est hors de portée de votre armement. Dans une telle situation, vous pouvez piquer pour plonger sous la cible. Le gain de vitesse augmente la vitesse de rapprochement, mais il faut prendre garde à ne pas piquer exagérément. Si vous vous écartez trop de la cible ou si vous accumulez trop de vitesse dans le piqué, vous ne pourrez plus redresser assez pour ajuster la cible, qui est alors loin au-dessus de vous.

Tonneau barriqué

Le tonneau barriqué doit son nom à la trajectoire décrite par l’avion, en forme de tire-bouchon. Il représente plus qu’une simple figure de voltige aérienne. C’est une manœuvre qui permet de conserver de l’énergie et qui présente un potentiel à la fois offensif et défensif.

Tonneau barriqué offensif

A l’attaque, rappelez-vous toujours de faire tout votre possible pour éviter d’overshooter la cible. Dépasser l’ennemi pour se retrouver devant lui est l’erreur la plus grossière à éviter à tout prix ; elle vous coûtera vraisemblablement la vie, même si elle n’est que fictive. Vous overshootez lorsque vous vous rapprochez de la cible avec un surplus de vitesse impossible à résorber. Le tonneau barriqué vous offre une solution à ce problème.

Si vous ne pouvez pas réduire votre vitesse à temps en prenant de l’altitude, tirez sur le manche et gauchissez dans la direction opposée à votre virage. En cabrant, vous réduisez la vitesse, tandis que le tonneau vous permet de mettre de la distance avec la cible et vous évite de la dépasser. Une fois le tonneau terminé, vous vous retrouverez au cap initial, mais ne gagnez plus sur l’ennemi de manière exagérée.

Tonneau barriqué offensif

Le tonneau barriqué peut servir à forcer votre poursuivant à overshooter tout en maintenant un écart AOT suffisant pour l’empêcher d’ouvrir le feu. Il est indispensable de choisir soigneusement le moment pour J’exécuter, Trop tôt, et J’adversaire reconnais la manœuvre et la double ; trop tard, et il a le temps de tirer. Lorsqu’il est effectué au bon moment, l’adversaire est surpris et n’a pas le temps de réagir avant d’overshooter.

Ciseaux

Posez la question à n’importe quel pilote. Tous vous répondront de la même manière si vous êtes pris dans un combat en ciseaux, vous avez gaffé.

Les ciseaux sont une succession de virages droite-gauche effectués par les deux adversaires qui se croisent en essayant de passer l’un derrière l’autre. En général, le combat prend cette tournure quand l’attaquant se rend compte qu’il est sur le point d’overshooter. Le défenseur s’aperçoit qu’il va être dépassé et inverse prématurément son virage pour se tourner vers l’attaquant. Résultat : une passe sans avantage décisif pour l’un ou l’autre. Si vous êtes attaquant, le plus sûr moyen de vous retrouver dans un ciseaux est de faire une gaffe et d’overshooter. En position d’attaque, le ciseaux est vraiment la dernière chose à faire. Si au contraire vous êtes sur la défensive, le mal est déjà fait. La mise en ciseaux indique que l’attaquant a lui aussi commis une erreur, mais vous avez aggravé les choses en basculant trop tôt et en ne profitant pas de l’avantage que vous aviez.

Une fois en ciseaux, il n’y a rien d’autre à faire que d’essayer de virer au plus court en direction de l’adversaire. Bien entendu, c’est le meilleur moyen de dégrader la vitesse et l’énergie en un temps record. Dans le meilleur des cas, le « vainqueur » d’un ciseaux est celui qui arrive à forcer son adversaire à le dépasser en ayant encore assez d’énergie pour le tirer. Le plus souvent, l’un des deux avions décroche et tombe vers le sol. S’il reste encore un semblant d’énergie à l’autre avion, il doit virer, piquer sur l’adversaire et faire feu avant que J’autre n’ait une chance de se rétablir. L’autre solution consiste à enchaîner les tonneaux barriques plutôt que les virages de dégagement. Ainsi, on conserve un peu d’énergie grâce à la conversion altitude/vitesse, mais c’est loin d’être l’idéal.

Chaque fois que les avions se croisent, ils risquent à la fois la collision et d’être touchés par le tir de l’autre. Si vous vous croisez à bonne distance, votre adversaire aura une chance inespérée de faire feu sur vous, tandis qu’un croisement trop serré se termine le plus souvent en collision. En un mot comme en cent, le ciseaux est à éviter.

Si vous vous trouvez impliqué dans un ciseaux, comment vous en sortir ? En combat canon, on y parvient en général en exécutant un Immelmann inversé immédiatement après être passé derrière l’adversaire. Si vous avez la possibilité d’augmenter rapidement votre vitesse et de la maintenir, vous pouvez espérer vous mettre hors de portée canon. En revanche, si vous tentez l’Immelmann inversé en combat missile, vous vous retrouverez pratiquement systématiquement avec un missile IR en route vers votre tuyère d’échappement. S’il’vous est impossible de vous mettre hors de portée de l’adversaire, vous êtes condamné à remporter le duel. Si vous n’arrivez pas à mieux virer que lui, vous êtes perdu.

Immelmann (à droite)

L’Immelmann est une manœuvre exécutée dans le plan vertical qui permet un changement de cap. Les avions peu puissants la commencent par un cabré, qu’ils font suivre par une demi-boucle pour se retrouver en vol inversé, à une altitude supérieure et au cap opposé à l’entrée.

Les avions très puissants donnent de l’ampleur à la manœuvre en grimpant à la verticale et en exécutant un demi-tonneau pendant la montée, puis en finissant leur demi-boucle. Ils peuvent ainsi réaliser un virage à 901 dans le plan horizontal tout en gagnant de l’altitude.

Immelmann inversé ou Split-S

Le Split-S est comparable à l’Immelmann, à la différence toutefois que la demi-boucle est exécutée vers le bas. En réalisant un demi-tonneau puis en tirant sur le manche, on fait piquer J’avion. Gardez le manche à vous jusqu’à ce que l’avion se rétablisse, au cap opposé à l’entrée.

 

Le Split-S permet de gagner rapidement de la vitesse. En plus du piqué, l’entrée en vol dos ajoute le vecteur de portance de l’avion à la gravité, ce qui a pour effet de multiplier l’accélération. En contrepartie, la prise de vitesse augmente le rayon de virage. Si vous entamez la manœuvre à une altitude insuffisante ou si vous maintenez une vitesse trop élevée pendant le piqué, l’avion sera incapable de se rétablir à temps.

Le Split-S constitue une excellente manœuvre évasive en combat canon du fait de la prise rapide de vitesse. Il n’est en revanche pas très efficace en combat missile, ces derniers ayant une portée considérablement plus étendue.

Un exemple

Voici une manœuvre exécutée par le major Olds sur son F-4 contre un MiG-21 durant la guerre du Vietnam.


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Gaëtan
Passionné d'aéronautique et formateur en Web et PAO, il est le fondateur, en 1999, de l'encyclopédie de l'aviation militaire www.avionslegendaires.net. Administrateur et rédacteur en chef du blog, il vous fait partager ses avis et coups de coeur (ou de gueule) sur l'actualité aéronautique.
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