Henry Potez est l’un de ces pionniers de l’industrie aéronautique qui allie des qualités de technicien hors normes avec celles d’administrateur averti. Après avoir créé « l’Hélice-Éclair », dont les modèles équipèrent ne nombreux avions de la guerre 1914-1918, Henry Potez fonde avec son père, en 1919, la société des avions Henry-Potez.
Il est le fils de Charles Potez-Leduc, minotier, maire de Méaulte et conseiller général d’Albert de 1895 à 1903. Après des études primaires dans sa commune natale, il poursuit sa formation à l’école professionnelle d’Albert. Passionné d’aviation, il entre à l’école Duvignau, puis à l’École nationale supérieure de l’Aéronautique, dont il sort promu en 1911, en compagnie de Marcel Dassault.
L’industrie et la Grande Guerre
Pendant la Grande Guerre, Henry Potez crée la société « L’Hélice-Éclair » et devient l’un des plus grands producteurs d’hélices de l’époque, avant de fonder en 1919 les aéroplanes “Henry Potez” qui fabriquent de nombreux avions et hydravions.
D’abord installée à Suresnes, puis à Levallois-Perret, l’entreprise s’établit à Méaulte près d’Albert grâce aux fonds des dommages de guerre, sur une superficie de 25000 m2.
Le grand succès vient avec le Potez 25 conçu sur des bases entièrement nouvelles : ailes simplifiée, train d’atterrissage à jambes télescopiques, possibilité d’utiliser tous les moteurs 400 et 550 CV. Construit à plus de 4000 exemplaires en 87 versions, il est utilisé dans de nombreux pays, sa carrière ne prend fin qu’en 1943.
L’entre-deux-guerres
L’activité des aéroplanes Henry Potez se poursuit florissante :
– le SEA IV, issus des surplus de la Première Guerre mondiale, devient le Potez IV.
– la version berline, le Potez VII, est l’un des premiers avions de ligne.
– le petit Potez VIII est construit en plusieurs versions.
– En 1921, le Potez XV est commandé par l’Aéronautique militaire, c’est un descendant direct du SEA IV.
La société va construire entre les deux guerres une série de petits avions de transport de passagers ainsi que des biplans de reconnaissance dont certains sont construits sous licence en Pologne.
Cette usine qui occupe plusieurs milliers d’ouvriers conçoit quarante-huit types d’avions nouveaux, dont la moitié est construite en série: plusieurs appareils connaissent le succès, les Potez 25, 39, 54, 62, 63.
En 20 ans, 7 000 appareils sont sortis de ses chaînes de fabrication.
Potez rachète l’entreprise d’Alessandro Anzani en 1923, usine qui fabrique les moteurs équipant les avions des Frères Caudron. En 1933 la société rachète le fabricant d’hydravions CAMS.
Avions de records et de tourisme
Pour la vitesse, Louis Coroller conçoit le Potez 53 avec lequel Georges Detré remporte la Coupe Deutsch de la Meurthe en 1933 avec 322,8 km/h. Le Potez 506 bat le record du monde d’altitude en 1933 avec 13 661 mètres aux mains du pilote Georges Lemoine.
Les avions de tourisme Potez obtiennent un grand succès : Potez 36, Potez 43, Potez 58 et Potez 60. Ce sont les premiers avions de tourisme modernes de grande série.
La Seconde Guerre mondiale
En 1936, l’industrie aéronautique française est nationalisée. Les usines Potez de Sartrouville et Méaulte sont reprises par la SNCAN (Société Nationale de Construction Aéronautique du Nord) et Henry Potez est mis à sa tête. Au moment de la déclaration de guerre, l’usine de Méaulte fournit un millier de Potez 63 à l’armée française.
L’Armée ayant un besoin urgent d’avion de reconnaissance performant, Potez propose le type 63-11 qui équipe la plupart des unités de reconnaissance en 1940. Louis Coroller, son second d’alors, créé le Potez 670/671 à ailes elliptiques dont les prototypes sont abandonnés en 1940 suite à l’offensive allemande.
La fin de l’industrie Potez
Après la Seconde Guerre mondiale, la société Potez renaît à Argenteuil sous l’appellationSociété des Avions et Moteurs Henry Potez mais elle ne joue plus le rôle majeur qu’elle avait avant la nationalisation. Dans les années 50, Potez proposera le P-75, un avion militaire d’appui tactique qui sera un échec cuisant.
En 1958, la société achète Fouga et devient Potez Air-Fouga, mais la dernière réalisation, le Potez 840, un avion civil court courrier à 4 turbopropulseurs, ne trouve pas d’acheteurs et le contraint à la fermeture.
À l’issue d’un vol de démonstration effectué à l’intention de journalistes le 12 mars 1963, Henry Potez lui-même annonce le lancement de la fabrication en série de douze appareils. Il était prévu de produire le Potez 840 dans une usine située à Baldonnel, en Irlande, mais l’usine ferma malheureusement ses portes en 1968 sans qu’aucun exemplaire ne sortît des chaînes. Les derniers actifs sont rachetés par Sud-Aviation en 1967.
Il demeure toutefois l’usine Potez Aéronautique, à Aire-sur-l’Adour dans le département des Landes, spécialisé dans la fabrication de pièces primaires et l’assemblage de sous-ensembles pour le civil (80%) et le militaire (20%).
L’homme politique
Parallèlement à ses activités professionnelles, Henry Potez entame une carrière politique d’élu local. Maire de Méaulte de 1928 à 1940, il succède en novembre 1930 à Émile Leturcq au poste de conseiller général du canton d’Albert sous l’étiquette radicale socialiste. Il conserve ce mandat jusqu’à la Seconde Guerre mondiale, puis de 1949 à 1961. Il sera également maire d’Albert de 1947 à 1959.
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