Durant la Guerre Froide l’ensemble des forces aériennes importantes cherchaient à disposer d’avions de transport tactiques, à même de soutenir leurs opérations logistiques tant en matière de fret aérien, qu’en celui du transport de personnels ou de troupes, voire dans la mission très particulière du parachutage. L’Union Soviétique ne dérogea pas à la règle malgré l’importante quantité d’avions de transport mis à dispositions de l’Aviation du Front par la compagnie aérienne nationale Aeroflot. Cette dernière remplissait en effet aussi bien des missions purement civiles sur les lignes aériennes du monde entier que des opérations militaires en soutien de l’Armée Rouge et de ses dizaines de milliers de fantassins. Toutefois au milieu des années 50 les avions en service en URSS étaient bien souvent totalement obsolètes car provenant des stocks de la Seconde Guerre Mondiale, soit bien trop « civils » pour être efficacement mis en service par les militaires à l’image de l’Illyushin Il-14 bimoteur. C’est la raison pour laquelle Aeroflot et l’Aviation du Front demandèrent à l’avionneur Antonov de concevoir un nouvel appareil de ce type, qui allait donner naissance à un des principaux appareils de transport soviétique de tous les temps : l’Antonov An-12.
L’avionneur décida de s’inspirer du nouvel avion qu’il avait conçu pour le compte d’Aeroflot pour ses liaisons intérieurs et ses vols en direction des alliés de l’URSS : l’Antonov An-10, connu sous le nom de code OTAN de Cat. Toutefois afin que le nouvel avion soit adapté aux missions de projection l’avionneur décida de revoir en profondeur sa copie. D’autant que l’An-10 ne représentait pas exactement l’appareil voulu par l’aviation civile soviétique, car il était jugé trop bruyant et trop inconfortable en vol, même pour les standards soviétiques. C’est dire !
Finalement Antonov choisit une formule assez proche du Cat et le nouvel avion fut assemblé en janvier 1957. Il se présentait sous la forme d’un monoplan à ailes hautes quadri-turbopropulseur disposant d’un train d’atterrissage trois points totalement escamotable. Le nouvel appareil était également le premier avion de transport soviétique à disposer d’une tourelle armée de canons mitrailleurs NR-23 de calibre 23mm en position arrière. Il disposait également d’une vaste porte de chargement arrière donnant accès à la soute, et permettant l’embarquement de charges volumineuses, de palettes, ou de véhicules légers tout-terrains type GAZ-69. Il fut baptisé An-12 par le constructeur, et effectua son premier vol le 16 mars 1957. Les premiers de série entrèrent en service en janvier 1959.
Dans les premiers mois d’exploitation de l’avion les services de renseignement occidentaux le confondirent avec l’An-10 et ce n’est qu’en septembre 1959 que les Britanniques l’identifièrent clairement comme un nouvel appareil militaire, notamment du fait de son armement défensif. L’OTAN décida donc de lui attribuer la désignation de Cub. La plus part des appareils rejoignirent en priorité les unités de transport de l’Aviation du Front, tandis qu’une version « civile » désarmée, désignée An-12B, fut intégrée à Aeroflot.
L’ensemble des forces aériennes alliées à Moscou, tant au sein du Pacte de Varsovie que dans les pays sous influence marxiste, utilisèrent des An-12. En 1963 la toute jeune aviation militaire algérienne reçu un lot de dix avions flambants neufs. D’autres pays arabes comme par exemple l’Égypte, l’Irak ou la Syrie reçurent également des Cub de la part de Moscou. Entre 1961 et 1973 l’Antonov An-12 fut un des principaux instruments commerciaux de l’influence militaire soviétique.
En 1971 la Chine, autre grande puissance communiste, commença à lancer la production d’une version construite sous licence de l’Antonov An-12. Ce pays disposait en effet depuis le début des années 1960 d’une vingtaine de Cub pour des missions de soutien logistique ou de parachutage. La Chine décida donc, afin de conserver une certaine indépendance vis à vis de Moscou, de produire ses propres avions sous la désignation de Y-8. Sa production fut confiée à l’avionneur Shaanxi. De nos jours le Y-8 est toujours en production, notamment pour des missions de sauvetage en mer, de veille radar, ou de patrouille maritime. Le Y-8-II est actuellement mû par des turbopropulseurs d’origine américaine. Le Y-8 a été exporté vers la Birmanie, le Sri Lanka et le Yémen.
Une centaine de Cub volent également pour des missions de guerre électronique sous les désignations OTAN de Cub-C et de Cub-D. Le premier est une version de brouillage électronique, assez similaire dans ses systèmes et missions à l’EF-111 Raven américain, tandis que le second est un appareil de reconnaissance stratégique et d’espionnage. Durant la Guerre Froide, seule l’URSS utilisa ces appareils, mais après la chute de l’empire communiste, la Russie, la Biélorussie, et l’Ukraine, récupérèrent cet arsenal.
S’il fut souvent comparé au Lockheed C-130 Hercules, l’An-12 Cub était plus proche dans ses dimensions du Transall C-160 franco-allemand. En outre sa motorisation était relativement inférieure à celle de son homologue américain. Mais surtout l’avion souffrait d’une fatigue structurelle permanente, si bien qu’ils vieillissaient plus vite que les Hercules.
L’une des dernières opérations de grande envergure à laquelle prirent part les An-12 Cub de l’Aviation du Front fut la guerre d’Afghanistan menée par l’Armée Rouge contre les Moudjahidines pro-occidentaux. Ils furent bien entendus utilisés pour des opérations de parachutages de masse, mais également de transport de véhicules légers comme les UAZ-469, les principaux 4X4 en service en URSS ou les camionnettes tout-terrains UAZ-452. Des Antonov An-12 furent également utilisés pour des missions de bombardements spéciaux avec des charges hors-normes, telles des bombes de dix tonnes.
À partir des années 1980 l’Antonov An-12 commença peu à peu à laisser la place au quadriréacteur Illyushin Il-76 plus moderne. Toutefois environs 400 An-12 étaient encore en service en 2007 dans les aviations militaires des ex-pays soviétiques. Au total, ce sont environ 1 250 avions de ce type qui furent assemblés, sans compter les quelques 800 Y-8 chinois et 300 An-12B civils. Fin 2007 une trentaine de pays utilisaient encore des An-12 principalement à des fins militaires.
Il est à noter qu’un autre avion légendaires est appelé Cub, la version civile du petit Piper L-4 Grasshopper américain de la Seconde Guerre mondiale.
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