La joie aura donc été de courte durée pour les employés de l’usine Bell Helicopters de Mirabel. Le gouvernement philippin vient d’annoncer l’annulation du contrat relatif au remplacement de vingt-deux Bell 205 et UH-1D, douchant ainsi les espoirs des techniciens de la plateforme québécoise qui auraient assuré l’assemblage des quatorze hélicoptères commandés au départ. Les appareils en question étaient censés être des Bell 412EPi, la version la plus moderne de ce célèbre biturbine.
Et force est de constater qu’entre l’annonce du contrat et le revirement gouvernemental philippin il ne se sera passé que quelques jours, presque quelques heures. En effet c’est ce lundi 5 février que l’hélicoptériste américano-canadien a annoncé le contrat avant que ses porte-paroles ne se rétractent ce jeudi 8 février au soir. Trois jours qui auront au moins redonner du baume au cœur aux techniciens et ouvriers de l’usine. Pour rien !
Alors certes rétrospectivement on peut se demander s’il fallait vraiment se demander si on pouvait apporter un réel crédit à ce contrat tant il semblait bancale dès le départ. Finalement on peut se demander pourquoi sélectionner un hélicoptère parapublique afin de doter les forces spéciales philippines qui actuellement volent majoritairement sur des hélicoptères militaires ?
Car à l’exclusion de six des huit Bell 205A à remplacer, les autres machines en dotations sont réellement des hélicoptères conçus dès le départ pour un emploi militaire : les Bell UH-1D furent initialement construits pour l’US Army tout comme une partie des UH-1H. Quatre d’entre eux avaient pourtant été livrés neufs aux Philippins dans les années 1970. Et enfin le nombre concerné : quatorze biturbines neufs pour remplacer vingt-deux vieux (voire très vieux !) monoturbines. Cela laisse songeur.
Au final donc les commandos philippins devront continuer de se contenter de ce qu’ils ont d’à peu près moderne à savoir les huit AgustaWestland AW.109 Power de liaisons et de transport léger et les sept PZL W-3 Sokol de recherches et sauvetage au combat. Pas terrible quand on sait que ces forces spéciales sont quasi quotidiennement engagées dans des missions de lutte contre des groupuscules terroristes djihadistes qui menacent le fragile équilibre de la région.
Alors bien entendu le gouvernement philippin a annoncé son intention d’acquérir de nouveaux hélicoptères afin de palier l’abandon du programme d’achat des Bell 412EPi. Mais si vraiment cet appareil fut au départ leur meilleur choix, que pourraient bien faire des machines différentes et à fortiori plus onéreuses ? Ça seul l’avenir nous le dira.
Peu de chances en tous cas de voir voler dans les prochaines années des Airbus Helicopters H225M Caracal, des AgustaWestland AW.189, ou encore des Sikorsky H-92 Superhawk aux couleurs des forces spéciales de ce pays, ces machines étant hors de prix pour l’économie philippines. Alors un hélicoptère pourrait tirer son épingle du jeu : le Mil Mi-171 russe, l’ultime évolution du vieux Mi-8 soviétique.
Du coup cette annulation de commande, finalement assez peu motivée et argumentée peut laisser en Europe un goût amer. Rappelons que l’an dernier la force aérienne philippine a commandé quatre Airbus Helicopters H125M Fennec pour des missions utilitaires. Cette commande est-elle toujours garantie ? Espérons-le !
Photo © US Department of Defense.
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2 Responses
L’annulation de cette commande fait apparemment suite à une polémique au Canada, quant à la possible utilisation » non éthique » ( atteinte aux droits de l’homme, lol ! ) des hélicos par les forces armées de Duterte ( un des dirigeants les plus débiles de la planète ). Ce dernier aurait claqué la porte, ne voulant pas de » conditions d’utilisation après achat « . Ou de l’art de se tirer une balle dans le pied de la part des canadiens…. Les russes et les chinois disent déjà merci aux Bisounours ! :)))
Je crois que même Airbus Helicopters et Leonardo auraient su fermer les yeux sur un tel marché !